Moniteurs ivres, utilisation de vibreurs pour indiquer les bonnes réponses, hausse abusive du forfait horaire… rien n’arrêtait trois responsables d’auto-écoles parisiennes. Depuis ce mardi, ces hommes sont jugés par le tribunal correctionnel de Paris pour avoir mis au point une vaste arnaque au permis de conduire entre 2002 et 2005. Ils doivent répondre d’une ribambelle de délits, allant de la fraude à l’examen à l’abus de biens sociaux. « L’affaire débute par un renseignement anonyme en octobre 2004 », comme l’a rappelé en début d’audience la présidente de la 13e chambre, Odile Madrolle.
L’enquête préliminaire a permis de mettre au jour un système de fraude à l’examen du permis de conduire, qui aurait été mis en place par deux auto-écoles gérées par le jeune moniteur Sabri Essigaa après la mort de son père en septembre 2002. Lors de l’enquête, plusieurs élèves du Centre d’éducation routière (CER) Flandre et du CER Place des fêtes, situés dans le XIXe arrondissement de Paris, ont raconté les combines dont ils ont été témoins. Parmi ces témoins, certains affirment avoir été obligés de payer des heures pleines de conduite. Rien d’anormal jusqu’ici. Problème tout de même, leurs séances étaient régulièrement amputées de plusieurs dizaines de minutes. Pire, certaines de celles-ci se sont déroulées dans des scénarios rocambolesques : moniteurs totalement ivres, endormis ou s’arrêtant pour faire une course personnelle… Ahurissant surtout au regard des prix prohibitifs du permis de conduire.
Tricherie contre remise d’argent
Mais l’arnaque ne s’arrête pas là. Car lorsque le forfait de 20 heures de conduite était atteint et que le candidat aspirait à passer l’examen pratique, la plupart des moniteurs l’encourageaient fortement à prendre plus d’heures. En prime, les secrétaires reportaient sans cesse les dates d’examen pour des motifs fallacieux, au point que l’examen avait souvent lieu après 70 heures de conduite. D’autres élèves en revanche ont payé des leçons mais n’ont jamais été formés. Surtout, l’accusation reproche à Sabri Essigaa, 30 ans, Oumar Guisse, 62 ans, et Sofiane Zerbout, 43 ans, d’avoir organisé des tricheries à l’examen contre remise d’argent.
Selon l’accusation, les deux auto-écoles attiraient une clientèle de fraudeurs, composée notamment d’Africains s’exprimant avec difficulté en français. Outre le recours aux candidats de substitution, l’auto-école pratiquait la fraude au buzzer : lors du passage du code, une personne avait un écouteur pour entendre les questions et transmettait aux candidats la bonne réponse en faisant vibrer les appareils qu’ils avaient dans leur poche. Une véritbale escroquerie organisée. Au total, les prévenus auraient floué plusieurs centaines de clients à hauteur de quelque 340.000 euros. Pour autant, seulement une vingtaine d’entre elles étaient présentes à l’audience. Le procès se clôturera le 20 mars.
Par Maxime Ricard
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