ARDENNES. Les vols de cuivre sur le plan national sont en forte hausse. Dans les Ardennes, ce phénomène de délinquance est en baisse. La filière roumaine a été bien identifiée et la traque s’organise. Quatre Roumains qui avaient volé du cuivre dans une entreprise de Donchery viennent d’être condamnés.

L’ARRESTATION pour des vols de métaux de quatre individus originaires de la Roumanie, jeudi, dans une industrie à Donchery par les gendarmes de Sedan et notamment la condamnation par la justice ardennaise à des peines de prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience, va certainement réjouir les nombreux chefs d’entreprise qui vivent de la vente et de la récupération du cuivre et de métaux précieux tels que le bronze et le laiton.

En effet, cette arrestation et cette condamnation vont faire réfléchir les receleurs, car c’est en effet contre ces personnes qui gardent et soustraient des choses volées que la majorité des industriels font la guerre.

« S’il n’y avait pas de receleurs, il n’y aurait pas de voleurs », commente le responsable de la société qui a été spoliée en début de semaine de 20 tonnes de cuivre. Un préjudice énorme pour le chef d’entreprise qui emploie 13 personnes : « Le cuivre qui a été volé était un petit trésor de guerre pour cette société familiale. On l’avait mis de côté pour parer à un coup dur. C’est 6 000 euros la tonne de cuivre sur le marché. »

Un délit qui a obligé le patron de la société à financer dans l’entreprise quatre détecteurs d’alarme supplémentaires et à engager une société de gardiennage avec des chiens tous les soirs à l’intérieur du dépôt.

C’est avec la toute dernière quantité de cuivre qui lui restait, soit un peu plus de trois tonnes, que les quatre voleurs ont été interpellés : « Lorsque j’ai constaté, notamment en visionnant les vidéosurveillances, que des personnes avaient pénétré sur le site – on voyait des ombres – et que des blocs de cuivre compactés pesant entre 30 et 60 kilos avaient été volés, j’ai porté plainte auprès de la gendarmerie. Sachant qu’ils allaient revenir chercher le reste, grâce à certains indices récupérés sur les lieux, j’ai collaboré avec les militaires pour monter l’opération qui a permis de les interpeller en flagrant délit », a confié l’entrepreneur (notre édition de vendredi).

« Une perte sèche »

En tout cas, le procès des quatre prévenus, tous originaires de Roumanie, a permis de consolider la thèse de la filerie roumaine dans les affaires de vols de cuivre, de bronze et de laiton dans le département des Ardennes.
Une thèse que le responsable de l’entreprise spécialisée dans le négoce de fer et métaux, basée à Rethel, a confirmée : « Ce sont des Roms, on ne peut rien faire. Il suffit de les mettre en prison et je pense que le problème sera résolu », a souligné celui qui a été victime de vols au moins quatre fois l’année dernière.

C’était en juin et en septembre, les voleurs avaient pénétré dans le dépôt par une pâture et avaient subtilisé plusieurs bobines de cuivre et des câbles bruts et avaient laissé sur place cinq brouettes qui ont apparemment servi à transporter les bobines volées. « Ils ne volent pas de la ferraille, car ce métal ne coûte pas cher. C’est une perte sèche, car les vols de métaux et notamment de cuivre ne sont pas couverts par l’assurance. Le préjudice des vols est évalué à des centaines de milliers d’euros », explique le responsable de l’entreprise en négoce de métaux.

Pour le procureur de la République de Charleville-Mézières, qui a donné priorité aux affaires de vols de métaux dans sa politique pénale, la filière roumaine est incontestable : « Ce sont des gens qui savent y faire et extrêmement bien organisés. Ce sont des équipes à tiroir qui vous sortent des alibis qui ressemblent à du « foutage de gueule ».

Souvent, le cuivre qui est volé chez nous est vendu en Belgique. Nous avons mis en place une cellule anti-cambriolage départementale qui a des échanges fréquents avec les policiers belges. Il y a une substitut du parquet qui est en charge de cette cellule. Nous faisons aussi un travail de sensibilisation des entreprises sur le phénomène, mais il y a des sociétés de négoce en fer qui s’en moquent. »

En tout cas, bien que le travail d’enquête des policiers et des gendarmes, qui mènent des investigations pour éradiquer les cambriolages dans le département, ne soit pas de tout repos, il faut, en revanche, reconnaître que le phénomène de délinquance itinérant est en baisse dans les Ardennes, contrairement à ce qui se passe au plan national.

Bernard DORDONNE

http://www.lunion.presse.fr/article/ardennes/vol-de-cuivre-la-filiere-roumaine-gangrene-les-finances-des-industriels