Depuis lundi soir, des milliers de victimes d’abus sexuels racontent sur le réseau social le harcèlement quotidien qu’elles subissent, mais pour lequel elles n’ont jamais porté plainte. Un hashtag #Ididnotreport a même été créé.
“Parce que j’avais trop peur”, “parce qu’on était mariés”, “parce que”… Lundi soir, un nouveau hashtag – un sujet de discussion sur le site de micro-blogging, Twitter – est apparu: #Ididnotreport. Un parmi des milliers d’autres, bien sûr. Mais, par celui-ci, des milliers de personnes révèlent les abus sexuels dont elles ont été victimes… Et pour lesquels elles n’ont pas porté plainte.
L’idée est née d’une simple conversation sur Twitter entre une blogueuse féministe anglaise et deux de ses compatriotes:
-@mmelindor “le harcèlement du quotidien est également important. je n’ai jamais porté plainte contre le mec qui m’a peloté les seins dans un pub”
-@andromedababe “De toute ma vie, je n’ai jamais porté plainte pour pelotage de seins, main aux fesses, etc”
-@londonfeminist “Vous m’avez inspiré le lancement d’un hashtag #Ididnotreport. Encouragez les autres à nous rejoindre!”
Depuis, le fil s’allonge au bureau des plaintes non déposées. Et la catharsis collective 2.0. regroupe déjà près de 2000 tweets sur le sujets. Un série glaçante pour certains, comme la co-fondatrice de “Osez le féminisme” Caroline de Haas qui déclare à quel point la lecture des 140 signes lui a fait “froid dans le dos”.
L’aveu derrière le pseudo
Réunis sous le hashtag #Ididnotreport, les langues se délient, allant parfois jusqu’à évoquer des viols. Derrière l’anonymat du pseudo et la communauté de soutien qui se crée, les agressions sont plus faciles à évoquer. D’autant que l’on se sent à l’abri du regard des autres.
Car les réseaux sociaux déshinibent. “On y connaît une baisse de la pression du surmoi et de l’idéal du moi”, explique Michael Stora, psychanalyste expert du monde numérique. Avant de résumer: “un peu comme quand on est saoûl”. Un exhibitionnisme qui peut être sain. “Cela permet de lever le secret. Pour certains, cela peut être un premier pas vers une thérapie plus individuelle.” Car la twitt-thérapie ne suffit pas.
Mais une telle exposition de la vie privée peut également être dangereuse. Et ne peut surtout pas être systématisée. “Le risque, c’est l’hystérisation, souligne le psychanalyste. Avec toute la mise en scène que cultive Twitter.”
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/abus-sexuels-la-therapie-par-twitter_1093022.html