Pendant cinq ans, chaque lundi, l’émission chinoise “Entretien avant la mort” donnait la parole à des prisonniers, parfois quelques minutes avant leur mort. La diffusion de ces interviews vient d’être suspendue.
Quelles sont les dernières volontés d’un condamné à mort quelques jours, quelques heures, voire quelques minutes avant son exécution? La chaîne télévisée chinoise Henan Legal Channel a eu envie de creuser la question. Elle a diffusé pendant plus de cinq ans une émission hebdomadaire dans laquelle une journaliste donne la parole à des prisonniers peu avant leur châtiment.
Programme peu commun et inhabituel sur le petit écran… Les Chinois avaient pourtant accroché au concept en novembre 2006 et l’émission “Entretien avant la mort”, qui s’est arrêtée vendredi dernier, rassemblait jusqu’à 40 millions de téléspectateurs tous les samedis soirs, dans une province comptant près de 100 millions d’habitants, d’après la BBC.
“Ces criminels veulent être entendus”
Chaque semaine, la journaliste Ding Yu, dont l’émission a fait le succès, parcourait les cours de justice à la recherche de nouveaux condamnés à mort qu’elle pouvait interroger. “Certains téléspectateurs peuvent considérer qu’il est cruel de demander une entrevue à un criminel juste avant son exécution, mais au contraire, ils veulent être entendus. (…) Je suis témoin de la transition de la vie à la mort”, a confié Ding Yu dans un entretien accordé à la BBC lundi dernier.
Cette dernière, surnommé “la Belle avec les Bêtes”, s’est ainsi entretenue avec plus de 200 prisonniers, obtenant les détails les plus sordides des crimes qu’ils avaient commis, des confessions ou encore des regrets, exprimés quelques heures avant leur mort. Pour les réalisateurs de l’émission, ce show était “bon pour la société” et avait un but préventif: “Nous voulons que le public soit averti. (…) Si les gens sont prévenus, des tragédies pourraient être évitées”. Le slogan de l’émission était de faire connaître à tous “la valeur de la vie”…
Arrêt brutal de l’émission
Malgré cet “intérêt public” revendiqué, après plus de cinq ans de diffusion, la chaîne Henan Legal Channel a annoncé l’arrêt du programme vendredi dernier. Officiellement pour “des problèmes internes”. En réalité, cette décision suit de peu le tournage de Dead Men Talking, un documentaire diffusé par la BBC et par PBS International. Ce reportage décrit en détail la popularité explosive de l’émission, selon le New York Times.
L'”ovni” télévisuel n’aura pas résisté à cette nouvelle attention médiatique. La peine de mort, elle, ne devrait pas disparaître aussi rapidement en Chine. Le pays exécuterait “des milliers de prisonniers” chaque année, “mais garde le secret absolu sur son application de la peine de mort”, note Amnesty International.
Avec AFP
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