Des bouquets de roses rouges et blanches. Des tulipes aussi. Hier, tout au long de la journée, des Montalbanais, les yeux rougis, sont venus témoigner leur chagrin en déposant quelques fleurs au pied du distributeur automatique de billets (DAB) où ont été froidement abattus et blessé les trois soldats. « Pour moi, c’est important, dit Claire. Il s’agit d’une marque de respect pour ces militaires qui se battent pour nous, tous les jours. Ici, les gens ont tous une connaissance au 17. »
Jeudi, Claire était avec son compagnon, en voiture, et circulait sur le rond-point devant le parking du tabac-presse. À quelques mètres de la terrible scène. « On a entendu des cris, on a tourné la tête et on les a vus. J’ai pensé qu’il y avait un exercice, puis je me suis dit que cela n’était pas possible. On a vu des corps par terre et des impacts. Les gens étaient paniqués. »
Sous ses yeux
À la boulangerie-pâtisserie La Maison Paga, le personnel fait face. C’est ici que les militaires sont venus pour acheter des boissons. Mélissa, la vendeuse, lustrait la vitrine quand elle a vu la tuerie se dérouler sous ses yeux. Elle a été hospitalisée et bénéficie d’un suivi psychologique. « C’est elle qui a appelé les pompiers, raconte Laura, une jeune employée. Elle a vu les corps, juste devant elle, près des tables de notre terrasse. Aujourd’hui, c’est très difficile pour nous de travailler. C’est un triple assassinat, c’est horrible. Les militaires représentent une majeure partie de notre clientèle. On pense énormément à eux et à leurs familles. »
« Des coups très saccadés »
Montauban, sous le choc, essaie de comprendre qui peut bien en vouloir à ses militaires. « Le régiment est replié sur lui-même, c’est normal, confie Solenne, une habitante du quartier. C’est un terrible coup pour eux. Il y a sans arrêt des va-et-vient sur cette avenue. Les soldats vont à pied au centre commercial. Alors pourquoi eux ? D’autant, semble-t-il, qu’ils ne devaient pas sortir à cette heure-là. C’est certain, le tireur vise l’uniforme. Il est venu pour tuer des militaires. »
Les témoins de la fusillade décrivent un homme arrivé tranquillement sur son puissant scooter, qui est ensuite descendu et a contourné par l’arrière les militaires devant le DAB. « C’était des coups très saccadés, de quelqu’un qui ne s’affole pas », poursuit d’une voix émue Laura, la vendeuse, arrivée quelques minutes après le drame et qui a réconforté sa collègue. « C’est un professionnel, c’est sûr. Il était très déterminé. Les militaires ont leur bâtiment technique juste derrière chez nous. Ils sortent par deux ou par trois. C’est assez troublant que cela se soit passé en plein jour, devant la caserne, alors qu’il y a du passage en permanence. »
Deux des soldats étaient célibataires et vivaient dans la caserne. Le troisième était pacsé et avait un appartement en ville.
Hier, les familles sont arrivées sur place et pourront récupérer les corps des défunts après l’examen médico-légal, qui devrait être pratiqué au cours des prochaines heures au CHU de Toulouse.
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