Un ancien policier du Raid et un psychiatre décryptent pour Le Figaro le contexte des négociations en cours avec le suspect des fusillades de Toulouse et de Montauban.

• Un ancien policier du Raid explique les techniques employées par les négociateurs:

«Les hommes du Raid semblent être en présence d’un type qui parle. C’est une “chance” dans ce genre d’opération. La technique est généralement d’engager le dialogue et de le maintenir avec un interlocuteur principal côté policier et, à son côté, un autre qui écoute et peut prendre le relais. C’est à peu près la même technique que lors d’un interrogatoire de police.

On joue sur plusieurs registres. D’abord, donner des arguments pour montrer à l’individu qu’il a intérêt à se rendre, que sa vie n’est pas finie. L’objectif est évidemment qu’il se rende et ne se supprime pas. Ce sont des phrases comme: “La peine de mort n’existe plus. Si tu es condamné à vingt ans, tu sortiras dans dix.” Il faut absolument faire passer l’idée que tout n’est pas perdu pour lui. On essaie toujours, même s’il sait qu’il a commis l’irréparable.

On essaie par la famille, les proches de recueillir des informations personnelles et on agit sur tous ces ressorts. Aime-t-il une jeune femme, un animal? On peut tenter la fibre militaire même s’il est l’assassin présumé de soldats français. Ici, l’homme s’est semble-t-il rendu en Afghanistan.

Enfin, on sait qu’il va finir par se fatiguer. Le stress, l’épuisement: tout compte.»

Le docteur Roland Coutanceau, psychiatre, précise la manière dont est cernée la personnalité d’un forcené:

«Une fois qu’un contact verbal est établi avec un forcené, il permet de savoir la manière dont il s’exprime, raisonne et de cerner des éléments de sa personnalité. Est-on en présence d’un sujet déterminé, d’une personne manifestant des troubles? Professe-t-il des paroles jusqu’au boutistes? Même s’il a, semble-t-il, macéré dans une idéologie terroriste, jusqu’à quel point adhère-t-il totalement à ces idées? Quelles sont les hypothèses qui germent dans sa tête? Fait-il part de pensées suicidaires? Se sent-il “fait comme un rat”? Ces indications permettent de choisir le moment le plus adéquat pour intervenir et d’organiser au mieux l’opération.»

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/03/21/01016-20120321ARTFIG00377-toulouse-comment-les-negociations-sont-menees.php#xtor=RSS-216