«C’est la première fois de ma vie que quelqu’un mène l’assaut contre nous», confie Amaury de Hauteclocque.
L’intensité de la résistance opposée par Mohamed Merah aux hommes venus l’interpeller a surpris jusqu’à l’expérimenté patron du Raid. «C’est la première fois de ma vie que je vois quelqu’un, alors que nous lançons un assaut, venir mener l’assaut contre nous», a confié au Monde.fr Amaury de Hauteclocque. Les hommes du Raid sont tombés nez-à-nez avec «un combattant, à la détermination sans faille», souligne le directeur de l’unité d’élite.
Le Raid a fait tout son possible pour capturer le suspect vivant, insiste Amaury de Hauteclocque. «Nous avions engagé uniquement des armes non-létales. J’avais donné l’ordre de ne riposter qu’avec des grenades susceptibles de le choquer». Une tactique impossible à tenir face à l’offensive de Merah. «Il nous a annoncé mercredi à 22h45 qu’il voulait mourir les armes à la main, et c’est ce qu’il a fait», constate le responsable.
Un appartement transformé en «zone de combats»
Malgré vingt-quatre heures de siège, le jeune homme était fin prêt pour rendre sa capture impossible. Son trois pièces était devenu une «zone de combat» couverte de «barricades» avec des «recoins et des tanières», explique le policier. «Nous avons progressé très prudemment dans l’appartement» se souvient Amaury de Hauteclocque. Les policiers découvrent le jeune djihadiste pataugeant dans 30 cm d’eau. Une inondation causée par une colonne d’eau percée lors du premier assaut dans la nuit de mardi à mercredi.Cela ne décontenance par Merah qui «vient à l’engagement avec trois Colt 45 de calibre 11.43 [le même modèle que celui utilisé lors des meurtres]», raconte le patron du Riad. Le suspect parvient à se déplacer dans l’appartement et «tente d’abattre» les hommes de Hautecloque placés en protection sur le balcon. Pour le patron du Raid, «c’est probablement l’un de ses snipers qui l’a alors touché». En tout près de trois cents projectiles seront échangés.
Le chef du Raid estime que les promesses de reddition du terroriste, d’abord mercredi après-midi puis mercredi soir, ne visaient qu’à gagner du temps. «Il ne souhaitait que se reposer pour mieux nous affronter», tranche-t-il fataliste. À ses yeux, Merah a toujours eu la maîtrise des événements. Le moment de l’assaut «c’est moins nous que lui qui l’a choisi». D’ailleurs, avant la rupture des négociations entre le Toulousain et la police, mercredi à 22 h45, Merah multipliait les confidences: «C’était comme un testament, avant de partir», conclut Amaury de Hauteclocque.
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