A la suite de notre article d’hier, une source anonyme proche du RAID a tenu à apporter des précisions sur l’opération contre Mohamed Merah. Ces explications, très utiles, permettent de mieux comprendre les faits, sans polémique.

Les explosifs. « Nous n’avons pas utilisé d’explosifs lors de la première intervention, parce que, selon les informations fournies par la DCRI, nous avions affaire à un salafiste, susceptible d’avoir des explosifs lui-même et d’en avoir placé dans son appartement. Il y avait donc un risque de surexplosion, comme lors d’une intervention de la police espagnole (GEO) contre des terroristes après les attentats de Madrid – surexplosion qui avait tué des policiers. Le choix a donc été d’utilisé un vérin, et non un bélier. Il y avait un frigo derrière la porte : c’était un cas non conforme. Merah a aussitôt ouvert le feu, en direction de la porte et de la rue. On a été très impressionnés par le rythme auquel il tirait avec ses 45. »

Le renseignement. « On savait qu’il habitait là, mais nous ne sommes pas intervenus violemment tout de suite, parce qu’on ne savait pas s’il était seul, s’il y avait des personnes avec lui, femme ou enfants. »

Le choix du terrain. « Si nous l’avions interpellé en pleine rue, sachant qu’il était armé, qu’il avait une voiture remplie d’armes, le risque de dommage collatéral était très important. »

L’évacuation de l’immeuble. « L’immeuble n’a pas été évacué dans un premier temps, parce qu’on était en phase de négociation. Si on lui avait dit qu’on calmait le jeu et qu’on évacue l’immeuble en même temps, c’est un très mauvais signal. Il pouvait se dire qu’on va donner l’assaut. D’autant plus que ces vieux immeubles des années 60 sont difficiles à évacuer. Donc on a pris la décision d’évacuer une fois qu’on a vu que la négociation battait de l’aile.»

Les gaz. « Nous n’utilisons pas de gaz. Les seules personnes que je connais qui utilisent des gaz ce sont les anesthésistes, et ils tiennent la main à leur patient, le surveillent tout le temps et l’accompagnent à leur réveil car il y a toujours un risque. A chaque fois qu’un commercial est venu nous vendre un gaz “inoffensif”, “non létal” et que nous lui avons demandé de nous signer un papier garantissant qu’il n’y avait pas de risque mortel il a toujours refusé. Si nous l’avions gazé et qu’en ouvrant la porte ensuite nous l’avions trouvé mort, s’il avait fait partie du pourcentage de gens qui ne le supportent pas, quelles auraient été les réactions ? On se souvient de la polémique après les morts au théâtre de Moscou. »

Les armes non létales. « Contrairement à ce que l’on lit sur lemonde.fr, il n’y avait pas que des armes non létales lorsque l’assaut a été lancé. Evidemment, les premiers avaient des grenades de 40 en caoutchouc incapacitantes, mais avaient également leurs armes, tout comme ceux qui les couvraient immédiatement. »

La fusillade. « Les hommes ont du faire très attention en tirant car à cause de la conformation de la pièce, ceux qui rentraient dans la pièce par la porte et ceux qui se trouvaient sur le balcon, avec Merah au milieu, étaient fatalement dans le même axe de tir. »

http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Toulouse-les-explications-du-RAID_a553.html

(merci à Cat Aclysme et Mitch Buchannon)