Devant les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste (Sdat), Abdelkader Merah, le frère aîné de l’auteur des tueries de Montauban (Tarn-et-Garonne) et de Toulouse (Haute-Garonne), n’a pas sourcillé.

Au cours de sa garde à vue, — qui se poursuivait, hier soir —, l’homme, qualifié de salafiste, est même allé jusqu’à exprimer sa « fierté » devant les sept meurtres commis par son frère. « C’est un pur et dur! souffle, quelque peu estomaqué, un enquêteur. Nous sommes face à un islamiste, convaincu par la nécessité de mener le jihad. Il s’est également dit heureux pour son frère, qu’il soit mort ainsi, les armes à la main… »

Au cours de leurs investigations, les policiers de la Sdat ont déterminé que Abdelkader Merah, 29 ans, avait apporté un soutien logistique à son cadet. « Il y a des éléments qui montrent qu’il lui a fourni assistance au cours des sept meurtres, poursuit la même source. Il va être transféré dans les locaux de la Sdat à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). » Dans la foulée, Abdelkader et sa femme devraient être présentés à un juge, en vue de mises en examen. La mère de Mohamed Merah, devait, elle, être relâchée la nuit dernière.

De leur côté, les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) de Toulouse ont poursuivi leurs recherches sur l’existence d’éventuels complices du tueur en série. Les policiers ont également passé au crible les armes découvertes dans la Renault Mégane, louée par l’auteur des faits. « Une dizaine d’armes de poing ont été retrouvées dans ce véhicule, confie une source proche de l’affaire. Un pistolet-mitrailleur, datant de la Seconde Guerre mondiale, de marque Sten, un revolver Python 357 Magnum, un fusil à pompe, trois pistolets automatiques modèle Colt 45 de calibre 11,43 et un mini-fusil-mitrailleur Uzi ont notamment été saisis. » Cette dernière arme est celle dont s’est servi Mohamed Merah pour abattre ses victimes devant l’école juive.

Les policiers continuent, par ailleurs, à décortiquer le fameux scooter T-Max 530 cm3 et notamment sa balise GPS intégrée pour connaître avec précision le cheminement de Mohamed Merah avant et après chacun de ses meurtres. Enfin, selon plusieurs sources, des documents relatifs à une surveillance opérée par Mohamed Merah sur une de ses futures « cibles », — le patron de la brigade anticriminalité (BAC) de Toulouse — auraient été découverts au domicile de son frère.

La belle-sœur nie tout lien avec les faits

Yamina Merah a passé hier soir sa dernière nuit à Toulouse. En garde à vue depuis mercredi 4 heures du matin, l’épouse d’Abdelkader, frère aîné du tueur au scooter Mohamed Merah, sera transférée ce matin à Paris où elle devrait être, avec son mari, présentée à un juge d’instruction. Une décision que redoutait son avocat. « Ma cliente nie toute implication dans les actes imputés à Mohamed Merah, même en amont. Je pense qu’elle dit la vérité », confiait hier soir Me Guy Debuisson, affirmant qu’il n’existe « aucun élément matériel » contre elle.Cette femme de 30 ans, sans profession, a été interrogée notamment sur la personnalité de son mari, qu’elle a épousé en 2006, un islamiste radical connu des services de renseignement. Un homme qui pourrait avoir « manipulé intellectuellement » son jeune frère, selon une source proche de l’affaire. « L’Abdelkader que vous me décrivez n’est pas celui que je connais », a expliqué en substance Yamina. En garde à vue, cette musulmane pratiquante s’est dite « extrêmement choquée » par les actes commis par Mohamed Merah. Un beau-frère avec lequel elle était, selon ses dires, en froid depuis longtemps, ne le voyant que tous les deux ou trois mois. Elle l’a dépeint comme caractériel, voulant toujours avoir raison, se comportant parfois comme un caïd.

Geoffroy Tomasovitch et Thibault Raisse

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