L’enquête sur l’affaire Mohamed Merah s’est accélérée, hier, deux jours après l’issue fatale de son face-à-face avec les policiers du Raid. Son frère aîné, Abdelkader, 29 ans, soupçonné de lui avoir prêté assistance et présenté comme une sorte de«guide spirituel », a été conduit dans la matinée avec son épouse Yamina, à la sous-direction antiterroriste (Sdat) à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).
Le couple devrait être présenté aujourd’hui à un juge d’instruction du pôle antiterroriste du tribunal de Paris. Les enquêteurs de la Sdat, épaulés par leurs collègues de la police judiciaire de Bordeaux, ont réuni un certain nombre d’éléments à l’encontre du grand frère du tueur, qui, même s’il nie avoir aidé son cadet, pourrait être mis en examen pour « complicité d’assassinat en lien avec une entreprise terroriste».
Complice du vol du scooter. Selon les premières investigations, les frères Merah ont volé ensemble le scooter TMax530cm3, le6marsdansunerue de Toulouse. « Le propriétaire de l’engin venait de se stationner en laissant les clés dessus, précise une source proche de l’affaire. Il a détourné les yeux. Il n’a pas fallu plus de temps à un inconnu pour s’enfuir avec. »
Les policiers ont pu déterminer que Mohamed et Abdelkader se trouvaient sur les lieux des faits dans une même voiture. « L’aîné a également accompagné son cadet chez un concessionnaire Yamaha de la ville afin d’acheter des vêtements de motard, poursuit la même source. Ils en ont profité pour se renseigner sur la possibilité de désactiver le système de géolocalisation du TMax. » Les deux frères auraient aussi dîné ensemble, pendant près de trois heures, dimanche, veille de la tuerie de l’école à Toulouse.Son portable détecté. Selon une source proche de l’affaire, le téléphone portable d’Abdelkader Merah aurait été détecté, le jour des faits, à proximité de l’école Ozar-Hatorah. C’est l’analyse de la géolocalisation du mobile qui aurait permis de le situer dans les environs de l’établissement scolaire.
Des liens possibles avec la revendication. Abdelkader Merah serait-il l’auteur du mystérieux message revendiquant les meurtres perpétrés devant l’école juive de Toulouse ? Les enquêteurs s’interrogent au regard du profil « idéologue » du suspect. Une organisation, baptisée Jund al-Khilafah (les soldats du califat), a revendiqué, jeudi, les meurtres des trois enfants et de l’enseignant. Le texte, posté sur le site Shamekh, qui diffuse généralement les communiqués d’Al-Qaïda, appelait les autorités françaises à reconsidérer notamment leur politique « hostile » aux musulmans.
Pour l’heure, l’exploitation de l’ordinateur portable d’Abdelkader Merah n’a rien donné. Aucune arme ni explosif n’ont été découverts à son domicile. « L’auteur des tueries a expliqué aux policiers du Raid avoir acheté ses armes grâce à de l’argent issu de cambriolages et de braquages, a détaillé, hier, Ange Mancini, le coordonnateur national du renseignement. Il a dit avoir dépensé environ 20 000 € pour les acquérir et pour payer aussi les locations de ses différentes voitures. » Alors que le plan Vigipirate a été levé hier dans la région Midi-Pyrénées, des hommages aux victimes de Mohamed Merah ont eu lieu à Lyon (Rhône) et à Rouen (Seine-Maritime). Cet après-midi, une marche interreligieuse est prévue à Toulouse, regroupant plusieurs responsables des communautés juive, musulmane et chrétienne.
Le Parisien
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