Tout le monde a cru à un go-fast, ces transports de drogue à grande vitesse. C’était le 1er mars dernier sur l’A10.
Ce jour-là, une puissante Mercedes 500 fonce à plus de 200 km/h entre Jaunay-Clan et Poitiers. La berline zigzague d’une voie à l’autre avec deux motards de la douane à ses trousses.
La seule drogue retrouvée dans la voiture, c’est celle qui se trouvait dans le sang du conducteur, Moussa Nebili. Elle atteste qu’il avait fumé du shit. Mais elle n’explique pas pourquoi ce jeune homme de 20 ans, est pris d’une envie subite de semer les douaniers en prenant des risques insensés.“ Je pensais juste à rentrer chez moi ! ”
Ce 1er mars, Moussa quitte son travail vers 16 h 10 à Dissay. Il rentre vers les Couronneries au volant de la voiture de maman, plus assurée depuis six mois. Lui n’a plus le permis. « D’habitude, c’est ma mère qui me conduit. Ce jour-là, elle ne pouvait pas. »
Quand deux motards de la douane en opération de contrôle décident de rabattre la Mercedes vers un point fixe sur une aire à Jaunay-Clan, Moussa écrase l’accélérateur. C’est parti pour vingt minutes de folie furieuse. La voiture flirte avec les 240 km/h. Un douanier se place devant la voiture qui manque le toucher. Elle slalome entre les automobilistes, sort de l’A10 à Poitiers Nord en explosant la barrière de péage.La voiture arrive en ville, à Buxerolles, où un motard de la douane se blesse aux côtes en chutant. La Mercedes percute une voiture, une jardinière en béton, enfonce un mur… C’est un miracle qu’aucun piéton ne soit blessé.
Alertés par les douaniers à 16 h 30, les policiers n’ont qu’à suivre les traces laissées sur la chaussée par la voiture pour la retrouver très abîmée sur sa place de parking souterrain habituelle.Tout ça pour quoi ? Pas pour un go-fast. « Je pensais juste à rentrer chez moi », raconte Moussa, jugé hier en comparution immédiate. « J’avais le bracelet électronique il fallait absolument que je rentre. J’ai eu peur, j’ai paniqué. A chaque fois que je vois la police j’ai peur, j’ai la phobie des policiers ! »
Le procureur peine à se contenir. « Le bracelet électronique, c’est une chance qu’on vous avait donnée. Vous l’aviez depuis trois jours. Vous avez donné un exemple de comportement antisocial », relève François Casassus-Builhé. Il réclame quatre ans de prison, le maintien en détention et la confiscation des restes de la Mercedes.
« Tout ça est très impressionnant, mais ça reste des infractions routières », a tempéré Me Mérade en reconnaissant l’émotion causée parmi les douaniers déjà éprouvés deux fois par des courses poursuites dont une fut mortelle. « Il a eu peur de tout perdre. Il a toujours travaillé. Il a commencé à indemniser. »Le tribunal a prononcé à l’encontre de Moussa Nebili une peine de trente mois de prison dont vingt-quatre ferme. Il a révoqué dix mois de sursis. Moussa est donc parti en prison pour près de trois ans. Et la Mercedes a été confisquée.
Une victime sous pression
Blanche avait été percutée par la Mercedes lancée à vive allure dans Buxerolles. Ses cervicales s’en souviennent encore. Mais, ce qui la terrorise, ce sont les pressions subies. Le président Callen les a racontées, hier, pour “ colorer ” le contexte et le rappel des faits. La mère du prévenu était venue vers elle à sa sortie du commissariat pour lui parler de mère à mère, en lui demandant de retirer sa plainte. Et puis, lors de la première audience, au début du mois, elle avait été approchée par un intermédiaire lui proposant 15.000 € si elle retirait sa plainte. « Farfelu » a réagi l’avocate du prévenu qui, lui, s’est contenté d’un : « Je suis pas au courant de ça. Je ne peux pas dire si c’est pas bien, j’étais pas au courant ! »
http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2012/03/27/Folle-course-poursuite-deux-ans-de-prison-ferme
(merci à S. C.)