L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié ce vendredi un état des lieux de la consommation de cocaïne. Si de plus en plus de personnes ont déjà testé cette drogue, son image est de moins en moins bonne. Michel Gandilhon, chargé d’étude à l’OFDT, décrypte les résultats.
Dans le dernier état des lieux sur la consommation de cocaïne publié par l’Observatoire vous avez observé que les consommateurs étaient de plus en plus critiques à l’égard de cette drogue. Comment cela se manifeste-t-il?
Depuis deux ans, l’état d’esprit des consommateurs qui en prennent depuis plusieurs années, tend à changer. Certains se rendent aujourd’hui compte des effets secondaires de la cocaïne sur la santé, alors qu’à son apparition dans les années 1990, le produit bénéficiait d’une bonne image. On l’associait au monde de la fête et à la réussite sociale. Autre facteur de désamour: les prix. Ils stagnent depuis cinq ans – environ 60 euros le gramme – dans un contexte où la drogue, souvent coupée, est de moins bonne qualité.
Pourtant, on savait que cette drogue avait des effets secondaires… Pourquoi ce changement?
Le grand public a effectivement toujours craint la cocaïne. Les résultats de nos études montrent que près de 90% des gens pensent que c’est dangereux dès la première prise. Mais parmi les consommateurs réguliers, peu imaginaient auparavant que c’était risqué d’en consommer. Pourtant, à long terme, la drogue entraîne des problèmes cardiaques, des complications nasales dues au fait que le produit se sniffe, mais aussi des problèmes psychiatriques. Les cas de dépression sont nombreux.
Pour autant, la consommation baisse-t-elle dans les faits?Non, au contraire. L’expérimentation de la cocaïne a largement augmenté. En 10 ans, le chiffre a doublé. 1,5 million de personnes ont déjà consommé cette drogue au moins une fois dans leur vie. Parmi eux, 400 000 individus en ont pris au moins une fois dans l’année.
Cependant, certains éléments, comme la légère diminution de l’expérimentation chez les jeunes de 17 ans ou l’image plus ambivalente du produit, peuvent laisser penser que l’on se situe à un moment charnière. Un peu comme pour le comprimé d’ecstasy, qui était très à la mode il y a dix ans et qui a aujourd’hui tendance à décliner.
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