Un père dont la fille de 4 ans aurait été agressée sexuellement par son instituteur dénonce le silence de l’administration. Il a assigné en justice le rectorat de Créteil pour non-assistance à personne en danger.

C’est un cri de colère contre “le silence coupable” de l’administration: le père d’une fillette qui aurait été agressée sexuellement par son instituteur à Créteil dénonce “l’inertie” du rectorat et les “effets d’annonce” du ministre de l’Education Luc Chatel.

“Sans le savoir, j’ai emmené ma fille de 4 ans tous les jours à l’abattoir, dans un endroit géré par l’Etat et certaines personnes couvrent aujourd’hui ces agissements par une inertie persistante. Ce n’est pas acceptable”, déclare cet homme de 35 ans, qui dit avoir assigné en justice le rectorat de Créteil pour non-assistance à personne en danger.

“Pensez à Outreau”

Courant mars, l’institueur d’une de ses deux filles a été mis en examen pour plusieurs agressions sexuelles sur mineurs et remis en liberté sous contrôle judiciaire. Une autre parent d’élève a porté plainte contre cet enseignant de 48 ans qui a été suspendu à titre conservatoire. “C’est un cauchemar, tout un monde qui s’écroule”, dit Dominique, qui ne souhaite pas donner son patronyme.

Selon lui, l’enseignant serait passé aux aveux et aurait confessé avoir “une tendresse particulière” pour sa fille depuis le mois de décembre. Après avoir porté plainte contre l’instituteur le 20 mars, ce père de famille dit avoir subi une autre déflagration en étant confronté au “silence coupable” de l’administration. “Ni l’inspecteur d’académie, ni la psychologue de l’école n’ont daigné prendre contact avec moi ou répondre à mes appels”, assure-t-il, indiquant que seule la mairie de Créteil l’avait à ce jour reçu.
“J’aurais préféré qu’ils admettent leur incompétence à gérer des cas de pédophilie, j’aurais préféré qu’ils m’appellent pour me le dire, j’aurais au moins ressenti ce sentiment de compassion. Mais ils ne l’ont pas fait”, clame Dominique. “On m’a dit: ‘pensez à Outreau’ (fausses accusations de viols lancées par des enfants en 2004, ndlr) Mais j’y ai pensé à Outreau! Je ne me prononçais pas sur sa culpabilité ou son innocence, j’avais juste besoin d’encadrement”, poursuit-il.

Effets d’annonce ?

Selon lui, la seule solution qu’on lui a proposée a été de changer ses filles d’école. Refus catégorique. “Ma fille n’a rien fait de mal, elle n’a pas à être punie”, cingle-t-il. Dominique n’a également pas digéré ce qu’il appelle “les effets d’annonce” de Luc Chatel. Déplorant un “drame épouvantable”, le ministre avait affirmé, samedi dans un communiqué, avoir entendu “la légitime détresse” des parents et assuré qu’ils seraient reçus par le recteur de l’académie de Créteil “dès lundi”. Dimanche, en fin de journée, Dominique assurait n’avoir reçu aucun appel.

“On remercie le ministre d’avoir écouté la radio et d’avoir lu la presse. C’est bien de faire des effets d’annonce, mais il faut qu’il voie les difficultés qu’il y a dans ses équipes avant d’annoncer des choses”, assure le père de famille, qui dit vouloir rencontrer le ministre ou le chef de l’Etat.

Contacté, le rectorat de Créteil a assuré que les équipes académiques avaient fait preuve “d’un grand engagement depuis le début de l’affaire” et que l’enseignant avait aussitôt été remplacé “pour ne pas créer de vide”. Selon cette porte-parole, les familles qui le souhaitaient “ont été reçues par les personnels académiques” et le seront lundi par le recteur de l’académie. L’inspecteur d’académie sera également présent lundi pour accueillir les élèves. “Il y a eu des espaces de parole”, a-t-elle affirmé. Contacté, le ministère de l’Education n’avait pas encore réagi en fin d’après-midi.

Avec AFP
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