Alain Jourdan, 48 ans, est petit, chétif et semble d’une extrême fragilité. Cet homme, qui purge actuellement une peine de dix-huit ans de réclusion, a été condamné hier à quinze ans de prison par la cour d’assises de l’Oise pour des abus sexuels commis au début des années 1990 à Pierrefonds (Oise). Ses victimes, Julien et Cédric*, avaient alors 8 et 11 ans.

Vingt ans se sont écoulés depuis. Entre-temps, Alain Jourdan est devenu un pédophile multirécidiviste.

Le parcours de l’accusé, qui a été battu par son père, a grandi à la Ddass et affirme avoir été violé adolescent par un de ses professeurs, est aussi inouï qu’effrayant. Il s’est toujours arrangé pour être en contact direct avec des enfants, prenant soin de s’attirer la sympathie de leur entourage.

En 1983, Alain Jourdan a 20 ans. Moniteur dans une colonie de vacances, il est renvoyé et condamné après des attouchements sur un enfant. Cinq ans plus tard, il est responsable des travaux pratiques photo dans une école primaire en Moselle. Des enfants l’accusent d’abus et d’avoir pris des clichés déviants. Ses collègues et des parents prennent sa défense. Les mineurs se rétractent et l’enquête s’arrête là. Jourdan s’exile alors au Luxembourg. « Je voulais me rapprocher de la communauté chrétienne pour échapper à mon attirance pour les enfants », explique-t-il à la cour.

Il attirait les enfants dans son appartement

De retour en France, il s’installe dans l’Oise où il intègre une congrégation de sœurs à Pierrefonds. Il est chargé de préparer le spectacle de l’association catholique des enfants. C’est là qu’il commet, entre 1990 et 1992, les abus pour lesquels il a été condamné hier.

Pendant trois ans, Alain Jourdan viole au moins une dizaine d’enfants du village. Des garçons de 7 à 13 ans. Pour les attirer, il transforme son appartement en ludothèque avec jeux de société, pâte à modeler, console vidéo… En contrepartie, à chaque fois, un enfant doit le rejoindre dans son lit. « Parfois, on était jusqu’à dix chez lui. On se disait, pourvu qu’aujourd’hui ce ne soit pas moi », témoigne Julien à la barre. « Quand un enfant voulait retrouver ses copains, il n’avait pas d’autre possibilité que d’aller chez lui. Si on refusait, on était banni et on se retrouvait sans le moindre ami », relate une autre victime qui ne s’est pas constituée partie civile. « J’étais comme une araignée qui tisse sa toile. Quand un enfant était pris dans mes filets, il ne pouvait plus s’en sortir », explique le pédophile, qui reconnaît les faits.

Après Pierrefonds, l’accusé s’installe à quelques kilomètres, à Attichy. Il y rencontre d’autres enfants qu’il emmène à la piscine, au camping ou à la pêche. Une quinzaine d’entre eux auraient subi des abus, ce qui lui vaudra sa deuxième condamnation, en 1994, à quatre ans de prison pour « attentat à la pudeur ».

En Moselle, il entraînait une équipe de jeunes footballeurs

Puis Jourdan, qui s’est marié et a eu un enfant, emménage en Moselle où il entraîne une équipe de football de benjamins. Il se met tout nu pour une douche d’après-match avec les enfants, les forçant à enlever leurs slips. Pour une série de faits commis entre 1997 et 2006, la cour d’assises de Moselle de Nancy lui inflige dix-huit ans de réclusion. « Je regrette. A l’époque, je ne pensais pas faire de mal aux enfants, je ne pensais qu’à mon plaisir », soutient-il. Cédric ne le croit pas. « Je suis persuadé que d’autres affaires l’impliquant vont sortir. Partout où il est passé, il a abusé d’enfants. J’ai porté plainte en 2005 parce que j’étais sûr qu’il continuait ses agissements », confiait hier le jeune homme, marqué à vie, mais soulagé de voir son bourreau condamné.

* Les prénoms ont été changés.

Le Parisien

http://www.leparisien.fr/faits-divers/pierrefonds-l-effroyable-parcours-du-pedophile-recidiviste-03-04-2012-1937349.php