Dix-huit mois d’enquête, de nombreuses écoutes, de longues filatures, de bons renseignements et au bout du compte l’une des plus belles affaires pour les enquêteurs du commissariat d’Evreux (Eure).

Lundi à 6 h, pas moins de 156 policiers ont été cueillir cinquante et un suspects à Evreux (Eure), Brionne (Eure), Bernay (Eure) et Elbeuf (Seine-Maritime), mettant ainsi un terme à un vaste trafic de stupéfiants, essentiellement de la résine de cannabis.

Un business rôdé et très bien installé qui partait du quartier populaire de Nétreville. Le chef du réseau et ses quatre acolytes les plus proches ainsi que les nombreux consommateurs placés en garde à vue ont reconnu un trafic d’environ 100 kg de shit entre 2010 et le début de cette année. Les auditions ont également révélé des transactions portant sur 1,5 kg de cocaïne.

Afrique de l’Ouest

D’importants moyens ont été déployés pour cette opération coup-de-poing de lundi matin et mardi, en l’occurrence 85 policiers de l’Eure et un appui d’une équipe du Val d’Oise spécialisée dans les interpellations ainsi que 62 effectifs du groupement d’intervention régional et du service régional de police judiciaire de Rouen, sans oublier 9 équipes cynophiles de plusieurs départements limitrophes.
« Nous avions 29 objectifs principaux, nous en avons interpellé 27. Au total, nous avons arrêté 51 personnes. Nous n’étions pas dans un trafic de bande mais plutôt une affaire commerciale, il n’y avait pas de concurrence, explique une source proche de l’enquête. La drogue provenait en partie de la région parisienne – le fournisseur s’alimentait en Hollande – et directement d’Afrique de l’Ouest, du Nigeria, un pays livré à lui-même dont est originaire la tête du réseau d’Evreux », précise une deuxième.
Travaillant dans le cadre d’une commission rogatoire, les enquêteurs ont réussi à coincer le principal organisateur du trafic, un trentenaire au quotidien discret, habitant un pavillon, ayant femme et enfants mais aimant aussi flamber à Paris avec ses copains. Il était déjà tombé il y a une dizaine d’années pour trafic de stup, toujours à Evreux. Ses bénéfices étaient en grande partie utilisés pour investir dans l’immobilier, en Afrique.

Vulgarisation de la coke

« Cette affaire est particulière pour deux raisons, souligne un autre enquêteur. D’abord, nous avons découvert qu’un gros trafic s’était développé et partait d’Evreux-Nétreville, ce qui n’était pas le cas auparavant. Ainsi, en janvier 2011, une équipe de Havrais avait été interpellée à Nétreville avec 15 kg de cannabis dans le coffre de leur voiture. Et ce n’est pas elle qui venait livrer… L’autre enseignement, c’est la cocaïne. Elle s’est vraiment banalisée et vulgarisée. Son prix d’achat a considérablement baissé, elle n’est plus réservée à des milieux habituels ».

Lors de leur opération, les policiers ont mis la main sur 568 g de résine de cannabis, 58 g de cocaïne, 10 690 € en espèces et une BMW (série 3) ayant servi à transporter de la drogue. Neuf protagonistes du trafic ont été déférées devant le juge d’instruction. Pour l’heure, quatre personnes ont été écrouées et une placée sous contrôle judiciaire.

Guillaume Lejeune
http://www.paris-normandie.fr//article/bernay/exclusif-51-personnes-interpellees-pour-un-trafic-de-stupefiants