Des flammes « énormes », des hurlements d’habitants à leurs fenêtres. Dans la nuit de mardi à mercredi, un même sentiment de panique a envahi les 48 logements de cet immeuble de la cité Jacques-Duclos, à Romainville. Vers 2h30, un incendie particulièrement violent s’est déclaré dans un appartement situé au 4e étage du bâtiment qui en compte six.
Il a fallu 120 pompiers et 43 engins pour en venir à bout et évacuer les habitants, regroupés jusqu’au petit matin au gymnase Nelson-Mandela. « C’était terrifiant, confie une locataire. C’est la fumée qui m’a réveillée, j’ai réussi à descendre par l’escalier avec mon fils. » Le sinistre n’a fort heureusement pas fait de victime. Hier soir, seule la locataire du logement incendié était encore hospitalisée, mais ses jours ne sont pas en danger. Quelques foyers restaient hier privés de chauffage et d’électricité, et quatre familles ont dû être relogées.

Hier midi, la façade noircie de la bâtisse attirait encore les regards des passants. A l’intérieur, quelques locataires s’aventuraient, au bout d’un couloir aux murs couverts de suie, jusqu’à la porte béante de l’appartement incendié. Posant la main sur un mur, une jeune femme a un sursaut de surprise : « Il est encore chaud! » Dans l’appartement voisin, une mère de famille raconte avoir entendu « deux boums » : « Ma fille avait peur, elle voulait sortir, mais j’ai vu la fumée qui passait au-dessus de notre porte. Je me suis mis un foulard sur le nez, et j’ai tout calfeutré. »

Outre les pompiers, des policiers sont montés dans la cage d’escalier enfumée pour taper aux portes et réveiller les habitants. Mais ces derniers ont surtout été marqués par la réactivité d’un groupe de jeunes habitués à rester au pied des immeubles le soir : « D’habitude, on râle contre eux, mais là je leur tire un grand coup de chapeau, s’exclame une voisine, habitant dans le bâtiment d’en face. Ils ont donné l’alerte, ils ont crié pour prévenir les gens. Je les entendais dire : Calmez-vous ne sautez pas! aux locataires qui paniquaient. Ils ont même aidé certains à sortir par leurs fenêtres. » Jacques Champion, président de l’office HLM et adjoint de Romainville, confirme : « C’était le jour des encombrants, plusieurs matelas avaient été sortis pour être jetés. Les jeunes les ont empilés pour réceptionner les gens qui ont sauté par les fenêtres. » Quelques personnes ont en effet cédé à la panique avant l’arrivée des secours. Une maman aurait également fait sauter sa fillette par la fenêtre, par crainte des flammes.

Une enquête devra désormais établir les causes de cet incendie. Hier, la piste accidentelle semblait privilégiée. Des premiers éléments indiquent que le feu aurait démarré sur le balcon, peut-être à cause d’une guirlande lumineuse.

Le Parisien
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