C’est un petit, tout petit bout de femme qui se lève et fait face à l’accusée. Mireille, 80 ans en juin, fut victime de l’agresseuse de vieilles dames le 19 mai 2009, dans son pavillon de Gonesse. Laure M. l’avait frappée à la tête à l’aide d’une boîte de conserve. Après avoir obtenu 250 €, elle avait saisi une lampe de chevet et lui à de nouveau porté des coups violents.
Consommatrice de crack à la dérive, Laure M., 47 ans, comparaît depuis jeudi devant la cour d’assises du Val-d’Oise pour une série de cinq agressions violentes, qui pouvaient mettre en jeu la vie des victimes.« Je voudrais lui poser une question les yeux dans les yeux. » Mireille qui souffre de polyarthrite s’appuie sur sa canne, néglige l’usage qui veut qu’on s’exprime face à la cour et se tourne vers Laure M. « Pourquoi me frapper à nouveau, alors que je vous avais donné l’argent? demande-t-elle avec fermeté. C’était une satisfaction personnelle? »
« Je ne me l’explique toujours pas, répond Laure, qui reconnaît l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Tout ce que vous avez subi, je l’ai fait. Mais je ne sais pas pourquoi je vous ai frappée une première fois et encore moins pourquoi j’ai continué. »
Mireille ne se faisait pas d’illusion. « Je savais bien que je n’aurai pas de réponse. Mais ce qui s’est passé reste pour moi une hantise. J’ai toujours peur de la voir. C’est une obsession. Cela durera jusqu’à la fin de mes jours », assure-t-elle.Elle a raconté comment son agresseuse est entrée chez elle en se faisant passer pour une bénévole du Secours populaire avant de la frapper. « En partant, elle m’a dit : Si vous appelez à l’aide, je rentre et je vous tue. Elle avait quelque chose dans le regard qui me laissait croire que c’était vrai. Elle m’a enfermée dans la chambre. J’ai attendu, complètement paniquée. »
Le choc psychologique fut intense. Elle parle de ses cauchemars la nuit, de ses angoisses le jour. « Il ne se passe pas une journée sans que j’y pense. C’est presque un réconfort de venir aujourd’hui parler de tout cela. Je suis soulagée, même si cela ne changera rien du tout. Je suis diminuée. Je ne sors plus qu’accompagnée parce que j’ai peur. Je n’ai pas pris le RER depuis trois ans. »
Mireille est la seule victime à être venue témoigner devant la cour d’assises. Gilberte, 82 ans, hospitalisée pour un grave traumatisme crânien à Arnouville, a gardé des douleurs et subit toujours le contrecoup psychologique. Elle n’a pas supporté l’idée de revoir l’accusée. Paule est décédée en décembre dernier à 94 ans après avoir perdu toute autonomie et gardé des séquelles. Elle avait aussi subi un traumatisme crânien à Sarcelles. Jeanine, 91 ans, absente également, avait été frappée avec un fossile à Montmorency : « Vu la violence des coups, elle a eu beaucoup de chance de garder si peu de séquelles » a estimé le médecin expert devant la cour.
Le Parisien
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