Neuf jours après le meurtre de Nadjia Lahcene — une mère de famille de 48 ans abattue dans le hall de son immeuble à Grigny (Essonne) —, les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles (Yvelines) ont interpellé, hier après-midi, un suspect, qualifié de « très sérieux ». Yoni P. , 33 ans, est également soupçonné de deux autres crimes, commis le 22 février et le 17 mars derniers, dans le même département. Une série d’homicides perpétrés avec le même pistolet automatique de calibre 7,65 mm. Une arme qui avait déjà servi pour un premier meurtre, le 27 novembre 2011, à Juvisy-sur-Orge (Essonne), pour lequel un homme a été écroué quelques jours après les faits, et qui depuis clame son innocence.

Arrêté à la sortie du domicile de ses parents à Ris-Orangis, Yoni P. a été identifié grâce à une moto, aperçue sur les lieux de plusieurs scènes de crime. « Le nom du propriétaire d’une moto, correspondant à celle vue notamment à Grigny, est revenu, en fin de semaine, aux oreilles des enquêteurs, confie une source proche de l’affaire. En vérifiant l’adresse donnée pour l’immatriculation de ce deux-roues, l’identité d’un autre homme est apparue. Celle de Yoni P. »

Un second suspect a été arrêté, hier matin, à Paris. Mais, selon les premières investigations, cet homme aurait été victime de cette usurpation d’identité de la part de Yoni P., afin d’immatriculer sa moto. Le deux-roues en question aurait été retrouvé par les enquêteurs.

Par ailleurs, les policiers de la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la PJ de Versailles, qui ont procédé à l’interpellation de Yoni P., étaient sur sa piste depuis vendredi. Ce suspect, qui se déplaçait en voiturette sans permis, a été vu à proximité de plusieurs box qu’il louait, notamment à Draveil, où il habite, ainsi qu’à quelques mètres du domicile de ses parents, à Ris-Orangis; et encore dans une commune limitrophe de Grigny. « L’enquête a établi que Yoni P. avait aussi loué, par le passé, un box dans l’immeuble où ont été tuées les deux premières victimes à Juvisy-sur-Orge, poursuit la même source. En outre, l’appartement de ses parents, chez lesquels il logeait encore parfois, se situe à un kilomètre des lieux du meurtre de Marcel Brunetto, la troisième personne assassinée. »

Né au mois de décembre 1978 dans le Val-d’Oise, Yoni P. est décrit comme un homme « solitaire », quelque peu « renfermé sur lui-même », nourrissant une passion pour les armes. Selon plusieurs sources, le tueur en série de l’Essonne a fait preuve d’« un certain sang-froid » au moment d’abattre ses victimes. Un élément pouvant accréditer la piste d’un amateur d’armes à feu. Après l’identification de Yoni P., plusieurs armuriers et responsables de stands de tir de la région ont donc été interrogés. Le gérant d’un club de tir sportif s’est aussitôt souvenu de lui. « Il a indiqué qu’il lui avait demandé de quitter son stand alors qu’il s’était montré agressif avec d’autres clients des lieux, confie une source judiciaire. Le profil de cet homme va évidemment être étudié dans le détail. » Par ailleurs, Yoni P. a été aperçu récemment dans son quartier déambulant avec un casque de moto et des lunettes de plongée.

Hier, les perquisitions menées chez le suspect, au domicile de ses parents, ainsi que dans les box loués à son nom se sont prolongées tard dans la soirée. Selon nos informations, l’arme ayant servi lors des quatre crimes n’avait pas été retrouvée.

Le Parisien
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