Ce matin au réveil, comme chaque matin, on lit les quotidiens, on s’informe pour ne pas être en dehors du monde qui nous entoure. Action dérisoire en soit et qui n’apporte que de l’auto-satisfaction et un semblant d’unité avec la société qui nous entoure. On lit la presse, on écoute la radio, on s’informe. Le flux d’informations qui se bousculent, la météo, les résultats sportifs, les derniers potins mondains, le second tour des élections… et ce matin, une information qui passe dans le plus grand silence, comme si elle pouvait être digeste à tous ceux qui comme moi le matin s’informent.

Certains l’a survolent et elle disparait dans le flux des autres informations. Il va faire beau aujourd’hui, quelques nuages et un peu de vent, d’autres auront de la pluie, les commerces seront fermés pour cause de jour férié, des milliers de personnes profiteront de ce jour de congé, …

D’autres l’apprennent comme une douleur qui les assomme. Un homme est mort ce matin.

Quelle différence, la mort de celui-ci comparait à celle d’un autre ? Aucune, car elle balaie tout sur son passage, elle fait du mal à ceux qui lui survivent, elle rend en colère.
Colère de n’avoir rien pu faire, de n’avoir rien vu, de n’avoir pas pu, colère de l’après, de ce qu’on dira de lui, du comment on va lui rendre hommage. Oui, un homme est mort ce matin.
Il n’était rien pour moi, un homme que je ne connaissais pas, un homme que j’aurai peut-être pu connaitre un jour, un homme qui comme moi à une famille et des amis.

Je ne connais pas son nom, je ne connais de lui que sa profession. Policier. Certains diront que c’est à cause d’un diffèrent familial, d’autre que c’est à cause de sa profession, d’autre comme j’ai pu le lire celui de la nation. Peu importe la raison, il s’est donné la mort. Acte de désespoir, acte d’appel au secours, acte de résignation, lui seul en sait la raison. Beaucoup diront, « moi je ne ferai jamais ça », d’autres diront que cela est inévitable un jour, d’autre se mureront dans un silence qui en dit long. Y ont-ils songé un jour eux aussi ? Ce cri de détresse lancé dans un si profond silence à peine relayé par les informations me laisse KO. Il n’était rien pour moi, j’ignore son nom. Ne dit-on pas que l’on reconnait le pouls d’une nation aux forces qui la composent ? Si oui alors depuis plusieurs années notre nation est en déclin car aujourd’hui et depuis plusieurs semaines, mois et même, années, le nombre de suicides et de meurtres et d’agressions dans les rangs la police ou de la gendarmerie est en nette progression. Faut-il croire que seul ce corps de métier connaisse des problèmes familiaux ? Un couvreur qui tomberait du toit son matériel à la main lui imputerons nous aussi les problèmes familiaux comme cause de sa chute ou serait-ce dû à de mauvaise conditions de travail ? Un policier se suicide avec son arme de service et la famille est responsable ? Les policiers ne le sont pas qu’au travail. Leur code de déontologie leur font l’être 24h/24h au même titre qu’un médecin, d’un pompier… Quand une urgence, ou un délit est commis en leur présence peu importe qu’ils soient en repos, ils interviennent. Voilà ce qui fait leur différence, ils sont à notre service, ils risquent leur vie, par vocation bien souvent. Ce sont des professions qui demandent des sacrifices. Pour nous, chaque jour, ils risquent leur vie, ils sacrifient de leur temps avec les leurs pour être à notre service. Voir même, ils vivent loin de leur famille pour accomplir leur mission de service public.

Aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres pour moi, car un homme est mort, je ne le connaissais pas mais il faisait partie de ces milliers d’hommes et de femmes qui chaque jour risquent leur vie pour des inconnus comme moi. Nous vivons dans deux mondes différents. Eux veillent sur le mien. Que puis-je faire, moi, pour eux au quotidien à part leur dire combien je les remercie et je les respecte en les soutenant et en inculquant à mon fils à les soutenir à son tour.

En tant que maman j’ai une pensée particulière pour la mère de ce policier et je la remercie infiniment du sacrifice qu’il lui a été surement difficile de faire que de lui laisser embrasser cette profession avec la peur d’apprendre un jour la nouvelle qui l’accable aujourd’hui . Je ne sais, si un jour mon fils avait la même ambition, si je saurai avoir l’abnégation de lui dire « fonces, fais ce que tu veux faire. » Mais ça sera avec fierté que je le regarderai accomplir son destin.

Un homme est mort … Il était policier.

Emilie