PARIS (AP) — Les parents d’Amine Bentounsi, un jeune homme mortellement blessé par un policier le 21 avril dernier à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), se sont constitués parties civiles, a annoncé mercredi leur avocate Samia Maktouf.
“Les parents de la victime dénoncent les déclarations faites par l’avocat du policier. En totale violation du secret de l’instruction, il a communiqué des éléments tronqués et faux visant à manipuler l’opinion”, écrit Me Maktouf dans un communiqué. “La très forte douleur ressentie par la famille de la victime se trouve aggravée par l’instrumentalisation et la récupération politique de cette affaire”, poursuit l’avocate.
Le policier de 33 ans a été mis en examen le 25 avril pour “homicide volontaire”, selon le parquet de Paris, et remis en liberté sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’exercer son activité professionnelle. L’information judiciaire avait initialement été ouverte pour “violences volontaires avec arme par une personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner”. Mais l’autopsie avait établi que le jeune homme de 28 ans avait été mortellement touché “par une balle entrée à l’horizontale dans son dos”.
La mise en examen du policier avait entraîné de vives réactions des syndicats de police qui avaient manifesté sur les Champs-Elysées. Lors d’un meeting au Raincy en Seine-Saint-Denis, Nicolas Sarkozy avait “demandé que le droit de la légitime défense évolue dans un sens plus protecteur pour les policiers et pour les gendarmes”.
Le président-sortant avait lui-même raconté sa vision de la scène lors du meeting du Raincy: “Un suspect est là. Il lance au policier une grenade. Il s’avère que c’était une grenade à plâtre, mais de nuit, c’est une grenade”. “Cet homme a une arme à feu”, a-t-il poursuivi, expliquant que le suspect “est connu” pour “onze condamnations pour vol à main armée” et parce qu’il “fut le condamné le plus jeune de France”.
Selon le récit des faits communiqué par le parquet, l’affaire avait démarré le 21 avril vers 20h30 lorsque le commissariat de police de Noisy-le-Sec avait été informé par un appel anonyme de la présence d’un homme recherché pour vol à main armée près d’un bar du centre. A l’arrivée de l’équipe dépêché sur place, le suspect s’était enfui, poursuivi par trois fonctionnaires qui l’ont vu se débarrasser d’un objet qu’ils ont pris pour une grenade. Pendant ce temps, le quatrième policier au volant du véhicule avait contourné les lieux pour le prendre à revers. Selon ses déclarations, le suspect l’aurait alors visé en tendant son bras armé vers lui. Le gardien de la paix a alors tiré à quatre reprises sur lui. AP
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