L es pompiers sont intervenus chez SeVeal, lundi, vers 19 h 30, rue Paul-Sabatier, à Ludres, à la suite du déclenchement d’un système de pulvérisation de mousse anti-incendie. D’importants moyens étaient engagés sur ce site spécialisé dans le stockage de produits agro-pharmaceutiques, installé dans la zone industrielle de Ludres. Un site classé Seveso II et donc soumis à un plan de prévention des risques technologiques (PPRT) contrôlé par l’État. Le dépôt SeVeal contient en effet plusieurs tonnes de produits phytosanitaires susceptibles de présenter des risques graves pour les personnes et l’environnement, notamment en cas d’incendie. Sans oublier deux soutes à carburant.

Équipes d’appareils respiratoires isolants (ARI), trois pompiers entreprenaient alors une reconnaissance des lieux. L’entrepôt de stockage incriminé – une cellule de 1.000 m²- était totalement noyé sous 10 m d’une mousse (du sol au plafond) projetée par le système de lutte contre l’incendie. Une mousse qui s’est également largement répandue à l’extérieur, dans la cour de l’établissement.

EN ARRÊT CARDIO-VENTILATOIRE
Excepté ce gigantesque déversement de mousse blanche, aucun départ de feu n’a été constaté. Mais durant cette exploration, les pompiers perdaient le contact physique et radio avec l’un des leurs, une femme de 46 ans, pompier professionnel (major) au Centre de secours de Neuves-Maisons. « Elle accompagnait un binôme qui était entré en reconnaissance dans un local contigu à la cellule afin de vérifier la fermeture de la porte coupe-feu car il y avait également de la mousse à l’intérieur de ce local. Il s’agissait d’une équipe chevronnée », précise le commandant Bertrand Lepoutère, officier de communication au Service départemental d’incendies et de secours (SDIS 54).

Plusieurs équipes étaient alors envoyées à la recherche de la disparue. Elle sera retrouvée quelques instants plus tard, étendue au sol, dans la mousse, en état de mort apparente. En arrêt cardio-ventilatoire, la victime était aussitôt prise en charge par ses collègues. Au prix d’un long massage cardiaque et d’une médicalisation sur place par les médecins du SAMU, le cœur de la quadragénaire s’est remis à battre. La victime était transférée vers l’hôpital central dans un état critique. Son pronostic vital restait hier en fin de journée, toujours engagé. Le major avait participé, vendredi dernier, aux côtés d’officiers, à l’une des visites régulièrement organisées sur ce site sensible.

Les causes (réel départ de feu, court-circuit ou dysfonctionnement du système incendie ?) à l’origine du déclenchement de l’alarme, restent pour l’heure indéterminées. Le bâtiment concerné n’avait hier, pas encore pu être inspecté en raison du niveau de mousse persistant dans les locaux sur une hauteur de près de 3 m.

Défaillance de son équipement ARI mis à mal par la mousse, malaise cardiaque, intoxication… ? On ignore encore pourquoi ce major des pompiers a été terrassé en pleine intervention. A priori, quand la victime a été retrouvée, le masque de son appareil respiratoire était hors de son visage. Le préfet s’est déplacé sur les lieux de l’accident vers 22 h. La police a ouvert une enquête et le matériel ARI (masque et bouteille) du pompier a été saisi pour les besoins des investigations.


http://www.estrepublicain.fr/actualite/2012/05/02/pompier-entre-la-vie-et-la-mort-jewq