Il a été le plus jeune policier de France et aujourd’hui, après treize ans de fonction dans la police nationale, il a le blues. Le pire, c’est qu’il n’est pas le seul.

Hier soir à 21h30, quelque 70 policiers se sont rassemblés au pied de la cathédrale Saint-Charles, place Jean-Jaurès, à Saint-Etienne. Sans véhicules de la police et sans tapage, droit de réserve oblige, mais avec un étrange sentiment d’être oubliés. « On ne devient pas policier pour gagner de l’argent, ce que l’on veut signifier par ce rassemblement c’est qu’on nous donne des droits pour nous défendre, explique celui qui fut le benjamin de ce corps d’État. On est fier de notre métier mais on veut plus de moyens pour aider la population. À mes débuts lors d’un vol par effraction par exemple, on restait avec les victimes, on les rassurait. Nous pouvons de moins en moins le faire aujourd’hui. Ce soir, si nous sommes là, c’est pour signifier ce ras-le-bol : qu’on nous donne les moyens de faire correctement notre travail au service de la population. »

« Ce rassemblement est spontané, ajoute cet autre. On n’a plus de crédit, on subit la pression de la population, de notre hiérarchie. Ça ne peut plus durer. »

La mise en examen d’un policier pour homicide volontaire le 21 avril dernier à Noisy-le-Sec a été l’élément déclencheur de ces manifestations un peu partout en France. « Nous ne remettons pas en cause que la justice fasse son travail mais nous jugeons inacceptable la qualification de la mise en examen », a expliqué cet autre fonctionnaire solidaire, comme l’ensemble de ses collègues, du policier mis en cause et qui reconnaît que la peur gagne les rangs. « Quand nous partons à quatre, précise-t-il, ma priorité c’est que l’on rentre à quatre… »

Et dire que le plus jeune policier de France avait réussi deux concours la même année : celui de policier donc et celui d’infirmier. Par sûr que son choix soigne ses maux actuels.

Denis Bret

http://www.leprogres.fr/loire/2012/05/04/saint-etienne-la-police-nationale-fait-part-de-son-mal-etre