Ils s’expriment rarement ou jamais. Mais hier, les vannes étaient ouvertes. Les agents de sécurité du privé réclament un minimum de respect pour un métier peu reconnu à commencer par les donneurs d’ordre publics.
On les connaît aux entrées des grandes surfaces. On les côtoie dans les ports et aéroports. On ignore leurs rondes nocturnes sur les sites publics sensibles ou les établissements de soins et d’hébergement. Les agents de sécurité ont de plus en plus de missions à remplir. Pour les syndicats, les entreprises qui se sont engouffrées dans ce secteur en plein boom n’ont pas toujours accompagné socialement cette croissance. «Il est très difficile dans notre métier de bouger, dit une jeune femme. Nous vivons un esclavage moderne, en majorité payé au Smic et parfois au-dessous, vu les grilles de salaire non revalorisées».
«Énormes économies»
Une journée de grève nationale a eu lieu hier dans les sociétés de sécurité privées pour dénoncer les conditions de travail. Les récents déboires de l’entreprise Neo Security (5.000 emplois) ont mis en lumière ce secteur d’activité qui a pris d’énormes marchés. À commencer par des missions autrefois dédiées aux gendarmes ou policiers. «Depuis 2003, nous remplaçons les gendarmes sur la base navale à Brest, rappelle un gréviste. Les économies réalisées sont énormes».
«Faire les toilettes»
Les salariés de la sécurité expliquent qu’ils n’ont pas de salaire correct mais qu’ils sont aussi soumis à des conditions de travail inacceptable. «Il y a peu j’ai répondu à une offre diffusée par Pôle Emploi pour un poste de surveillance de nuit dans un établissement pour personnes en souffrance. Il était précisé que l’on pouvait être amené à faire des toilettes». «La nuit, dans les établissements sensibles, nous devons aussi faire le travail d’éducateurs spécialisés car nous sommes seuls, ajoute un autre. À nous de gérer toutes les situations». «Et je ne parle pas du balai à passer et des caddys à ranger dans les grandes surfaces, ce qui n’est pas de notre ressort».
Travail fractionné
«L’emploi du temps est souvent fractionné: deux heures le matin, deux heures le midi, deux heures le soir. C’est illégal mais même les donneurs d’ordre publics le demandent», explique un salarié. «Ou alors, nous pouvons faire 14heures ou 15heures sans pause». «J’ai fait une fois 21heures sur 24 sans arrêt» appuie un autre. «Nous demandons d’abord le respect, dit un collègue. Nous sommes aujourd’hui de mieux en mieux formés, par contre une partie du patronat fonctionne toujours à l’ancienne quand le marché s’est développé il y a une vingtaine d’années. Pour les délégués du personnel, le comité d’entreprise, c’est le plus souvent une fin de non-recevoir».
Ronan Larvor
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