La justice sait parfois frapper fort. Dans un récent jugement, que nous nous sommes procuré, le Tribunal correctionnel a prononcé une peine de 6 ans de prison à l’encontre d’un voleur multirécidiviste marocain. L’an dernier, cet homme avait tranché la main d’une retraitée en lui volant son sac à Saint-Jean. «Six ans, c’est déjà pas mal», commente la victime contactée hier.

Agé de 24 ans, son agresseur a été condamné à lui verser 15 000 fr. de tort moral et 43 000 fr. de dommages ménagers. En effet, l’ancienne fonctionnaire, qui avait pris sa retraite en 2010, n’a pas retrouvé l’usage de sa main. Après le brigandage subi, elle a dû employer une femme pour lui faire son ménage.

«Je ne peux rien faire»

Bénévole à la SPA, elle ne peut plus conduire. Ni sa Vespa ni sa voiture. Apeurée, elle ne sort plus seule le soir comme elle l’a fait cette triste nuit du 11 janvier au retour de la chorale. Durant ce trajet, en bus, le malfrat la repère. Il prend congé de son épouse en prétextant vouloir acheter des cigarettes. Vers 22 h 30, il suit de près la plaignante qui rentre chez elle. Il pénètre dans l’immeuble et sort un couteau devant l’ascenseur. Il lui plante la lame dans le dos avant de lui sectionner tendons, nerfs et os de la main droite. Après s’être emparé du sac de la plaignante, il s’enfuit, le jette dans la rue, non sans avoir emporté l’argent liquide. «J’avais pris des médicaments et de l’alcool», dira le prévenu lors de son audition à la fin du mois dernier. Mais la victime, représentée par Me Florence Yersin, a confirmé qu’elle ne se souvenait pas avoir senti une haleine alcoolisée durant l’agression.

«J’ai sorti le couteau parce qu’elle ne voulait pas lâcher le sac, se défend le voleur. J’ai voulu couper la lanière. (…) Je regrette.» Selon nos informations, le prévenu va faire appel contre sa condamnation. Un calvaire qui se prolonge pour la victime: «Face aux juges, mon agresseur ne se souvenait plus de rien, ironise-t-elle. Avant l’agression, j’aidais ma mère qui vit seule à Lausanne. Je faisais ses courses avec ma voiture. Désormais, je lui rends visite en train et elle a dû se débrouiller avec quelqu’un pour l’aider. Je n’ai pu profiter de ma retraite que six mois. J’ai dû abandonner toutes mes nouvelles activités. Je ne peux plus rien faire.»

Renvoyé au Maroc en 2007

Le prévenu, qui a aussi été puni pour deux vols de sac à main en ville le 13 et le 14 décembre 2010, a un lourd passé judiciaire. Sans papiers, il a été renvoyé de Suisse en 2007, mais il y est revenu en novembre 2010, grâce à son mariage, célébré quelques mois plus tôt au Maroc, avec une Genevoise. Il a ainsi obtenu un permis B. L’an dernier, le prévenu, défendu par Me Lelia Orci, s’est engagé à indemniser la retraitée. Malgré les 350 francs par mois qu’il gagne en travaillant dans un atelier à Champ-Dollon, il dit ne pas avoir pu encore économiser pour «donner quelque chose» à la partie plaignante. «Je ne me fais pas d’illusion, il est insolvable», déplore la retraitée. En lui infligeant une telle sanction, la justice a visiblement voulu montrer l’exemple dans une procédure initiée par la magistrate Daniela Chiabudini. La procureure Anne-Laure Huber, qui a requis 6 ans de prison, a donc été suivie par le tribunal.

(TDG)

Créé: 03.05.2012, 07h28

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