La colère des policiers, née de la mise en examen d’un des leurs pour homicide volontaire, ne faiblit pas: ils ont manifesté en France jeudi à l’appel du puissant syndicat Unité police SGP qui a exigé du futur gouvernement du «changement» pour répondre au «ras-le-bol» général.

Plusieurs rassemblements se sont tenus à Paris et province. Vendredi, ce sont Alliance (2e syndicat) et Synergie (2e syndicat d’officiers) qui ont appelé à l’action près des préfectures, tandis que l’Unsa-police (3ème syndicat) et le Snop (majoritaire chez les officiers) lancent, en vain, des appels à des tables rondes.

«Il ne s’agit pas d’un mouvement d’humeur»

«Casse de la police nationale», «mépris à l’encontre des policiers», «stress permanent», «conditions de travail dégradées», «politique du chiffre»: à Paris, place du Châtelet, devant plusieurs centaines de policiers (400 selon des journalistes, 800 selon le syndicat), le secrétaire général d’Unité police SGP (1re organisation chez les gardiens de la paix), Nicolas Comte, n’a pas mâché ses mots à l’encontre du gouvernement sortant. Sans ménager le prochain.

«J’adresse à ce futur gouvernement (…) un simple avertissement sans frais: si rien ne change (…) nous serons là pour exiger un vrai changement», a mis en garde Nicolas Comte. «Oui, nous sommes en colère, oui les policiers sont à bout (…), sont indignés», «il ne s’agit pas d’un mouvement d’humeur», a-t-il dit. «La mise en examen de notre collègue» est «l’élément déclencheur d’une crise plus grave». Il a demandé au futur gouvernement une «négociation immédiate» sur «cinq points essentiels» dont la présomption d’innocence pour les policiers «tant que la faute professionnelle n’a pas été prouvée», la fin de la «politique du chiffre» et du non remplacement de policiers prévu par la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

Les syndicats accusés de récupération par des manifestants anonymes

Les syndicats avaient appelé à l’action après la mise en examen le 25 avril d’un gardien de la paix de Seine-Saint-Denis pour homicide volontaire, consécutive à la mort à Noisy-le-Sec d’un multirécidiviste en fuite. Ils tentent ainsi de «relayer le ras-le-bol» et le «malaise» des policiers qui a resurgi à cette occasion entre les deux tours de la présidentielle et s’est traduit par plusieurs manifestations inopinées non encadrées par les syndicats parfois accusés de «récupération» par des manifestants anonymes. Nicolas Comte, dont l’allocution a été légèrement perturbée par une centaine de manifestants apparemment inorganisés, a fustigé les «coordinations spontanées» de policiers que, selon lui, «l’administration voit d’un bon oeil».

En province des rassemblements similaires ont eu lieu: une trentaine de policiers à Bastia (Corse) ou Strasbourg (haut-Rhin), une quarantaine à Rennes (Ille-et-Vilaine), entre 50 et 60 à Tours (Indre-et-Loire), Le Havre (Seine-Maritime) et Lyon (Rhône), une centaine à Toulon (Var), Montpellier (Hérault), 140 à Nice (Alpes-Maritimes), 150 à Toulouse (haute-Garonne)… A Bordeaux (Gironde) un syndicaliste d’Unité SGP, Aymed Korbosli, a évoqué une espèce de «grève du zèle» dans les services se traduisant par une application stricte des directives.

«Stop aux bavures policières», demande la soeur de la victime

De son côté, Amal Bentounsi, la soeur du jeune homme tué par le policier a appelé à une manifestation samedi «pour dire non à la présomption de légitime défense, stop aux bavures policières, non au permis de tuer». «Mobilisons-nous pour que ces policiers qui commettent des bavures soient condamnés comme n’importe quel citoyen», selon cet appel diffusé par SMS.
LeParisien.fr

http://www.leparisien.fr/faits-divers/les-policiers-en-colere-mettent-la-pression-sur-le-futur-gouvernement-10-05-2012-1993833.php