Yannick Danio, du syndicat Unité SGP-FO, répond à nos questions sur la colère des fonctionnaires de police. Si le programme de François Hollande est encourageant, il juge l’héritage du précédent quinquennat lourd à porter.

FRANCE-SOIR : L’objectif de cette manifestation était d’interpeller le futur gouvernement…

YANNICK DANIO : Oui, mais aussi l’ancien, pour dire aux ministres qu’ils se sont plantés, vis-à-vis de nous et vis-à-vis de la population. En un quinquennat, il y a 12.000 policiers en moins, et des conditions de travail qui se sont dégradées. Et ce sous le regard d’autres ministères complètement inexistants. Le ministre de la Justice, je ne connais même pas son nom… Dans certaines régions, comme la Bretagne, la situation est catastrophique, certains correspondants locaux nous décrivent la situation comme une politique de la « terre brûlée ».

F.-S. : Qu’attendez-vous alors de François Hollande ?

Y. D. : Dans ses propositions, il y a beaucoup de choses qui vont dans le bon sens : l’arrêt de la réforme générale des politiques publiques (RGPP), les hausses d’effectifs… Nous sommes sur la même longueur d’ondes sur la questions des conditions sociales, des relations entre la police et les citoyens. Mais il aura beaucoup de travail pour réformer…

F.-S. :Prévoyez-vous d’autres mouvements dans les prochains jours, comme on en voit fleurir ?

Y. D. : Je pense qu’il est urgent d’attendre la nomination d’un ministre de l’Intérieur. Le problème, c’est qu’il aura à faire face à un héritage très lourd, à des métiers démolis… Pour ce qui est des pseudo-mouvements de solidarité avec le collègue mis en examen, il faut probablement mettre ça au compte d’une manipulation de la part du FN et de l’UMP. On n’a pas vu ces mêmes manifestations pour le collègue tué à Chambéry par exemple… Les gardiens de l’ordre ne sont pas là pour créer le désordre, et la question de la présomption d’innocence pour un policier mis en cause est un problème de fond, qui n’est pas nouveau. Nous réclamons depuis longtemps une présomption d’innocence renforcée pour les policiers, de sorte qu’il ne perde pas son salaire, par exemple.

Propos recueillis par Jérôme Sage

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