Il était le « brave du gars du village », « prêt à rendre tous les services », d’une « gentillesse désarmante » mais aussi un « homme vulnérable ». Philippe Emery, 55 ans, un ancien menuisier sans emploi, avait fêté son anniversaire le 22 avril. Son corps a été retrouvé par une employée, abandonné mardi matin dans une poubelle-conteneur à deux pas de l’entrée de la maison de retraite du village et en face de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption.
La victime portait de nombreuses traces de coups au crâne et pourrait avoir été noyée.Hier, un de ses voisins, Mario P., était en garde à vue chez les gendarmes en charge de l’enquête. Un homme connu pour son addiction à l’alcool et vu en train de nettoyer à grande eau et à la Javel son domicile juste en face de celui de Philippe Emery. Le mobile du crime pourrait bien être la mort de quelques poissons d’aquarium que le suspect avait confiés à la victime durant son absence. Des poissons morts de froid début février lorsqu’un soir, Philippe Emery avait déposé l’aquarium sur le pas de la porte de son voisin. Depuis, les deux hommes, voisins dans la même cour, ne se parlaient plus.
Il était devenu une figure incontournable du village
« Philippe, c’était un homme adorable, marqué par la vie. Il se mettait en quatre pour rendre service et travailler. Personne ne peut dire du mal de lui », témoigne Michel Croissant, lui aussi menuisier, qui lui louait une petite maison dans cette cour de la rue Jean-Jaurès, l’artère principale du bourg où l’artisan a installé ses locaux et restauré de modestes appartements. Philippe Emery était arrivé à Bessé en 2000 et vivait des minima sociaux. Nombreux sont les habitants du village qui l’ont un jour « employé pour tondre les pelouses, tailler les haies ou faire de menus travaux », détaille le maire Michel Leroy qui garde le souvenir d’un « homme à la santé fragile mais volontaire car il faisait tout pour retrouver un emploi » et était « devenu une figure incontournable ». Philippe Emery distribuait dans les commerces de la ville les affiches annonçant brocantes, fêtes ou concerts.
Issu d’une famille de dix enfants, l’homme avait sombré dans la précarité après avoir perdu son emploi. Grâce à l’aide du centre social de la ville qui l’avait pris en charge, il avait renoncé à boire. « Quand il venait chez moi déposer des affiches, jamais il ne demandait un verre. Il avait le cœur sur la main », se souvient le patron du Jet d’Eau, le bar de la place de la mairie.
Hier, les gendarmes ont longuement fouillé les égouts du bourg à la recherche de l’arme du crime, peut-être un marteau, tandis qu’un chien de Saint-Hubert pistait des traces de sang pour reconstituer le parcours de la poubelle. Un jeune homme s’est d’ailleurs présenté hier après-midi auprès des enquêteurs pour raconter avoir vu un homme en train de pousser un conteneur.
Décrit comme effacé, malingre, Philippe souffrait aussi d’un grave diabète. « Il ne manquait jamais de passer me voir. Quand je restaurais un vieux fauteuil, il me parlait souvent de son métier d’ébéniste. Il n’aurait jamais cherché querelle à quiconque », raconte Patrick, le tapissier installé sur la place de l’église. Le suspect, impulsif et hâbleur, était arrivé début février dans le village.
Le Parisien
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