Deux mois après la tuerie de Montauban qui a vu deux soldats du 17e RGP abattus et un troisième grièvement blessé par balles, ce dernier se bat pour retrouver la vraie vie avec le soutien de ses frères d’armes.
Loïc Liber, 1er classe du 17e RGP âgé de 28 ans, touché par les balles de Mohamed Merah le 15 mars dernier, a quitté il y a trois semaines, le CHU de Toulouse où il faisait l’objet de soins intensifs. Ce soldat montalbanais est aujourd’hui entre les mains de rééducateurs dans un centre spécialisé du sud de la France. Pour l’heure tétraplégique, il est conscient et bien déterminé à se battre. À l’issue d’un long coma, les médecins lui ont appris la mort de ses frères d’armes tombés à ses côtés de 15 mars. Le coup fut rude. Peu à peu, le funeste scénario de ce 15 mars 2012 reprend forme dans l’esprit du soldat miraculé dont la moelle épinière fut touchée par une balle. Loïc Liber va devoir se reconstruire, physiquement et moralement .
EMILIENNE, SA MÈRE EST À SES CÔTÉS
Aujourd’hui, le soldat Liber est très entouré sur son lit d’hôpital. Sa mère, Émilienne qui a quitté la Guadeloupe et son travail immédiatement après le drame, s’est installée près de son fils. Cette femme « au cœur d’or », décrite comme « extrêmement généreuse », est aujourd’hui la lumière qui guide son fils, le fil qui le raccroche à la vraie vie. Personne ne sait quelle sera l’évolution de Loïc, mais ceux qui le connaissent, ont foi en lui : « On nourrit de grands espoirs de le revoir debout sous l’uniforme. Loïc était un 1er classe prometteur », confie son avocate. Un officier du régiment assure que « c’est un garçon qui la force du dragon »… « Il pourrait bien nous surprendre », estiment ceux qui le connaissent …
Parmi ceux-là, ses collègues du « 17 » qui régulièrement organisent des convois pour lui rendre visite sur son lit d’hôpital.
SAINT-MICHEL VEILLE SUR LUI
Ses frères d’armes qui, aux côtés des organismes militaires patentés, ont collecté des fonds pour financer le voyage de sa famille vers la métropole et permettre aujourd’hui à sa mère de rester près de son fils, si loin de Trois Rivières dans leur Guadeloupe natale, n’oublient pas. Au-dessus de son lit d’hôpital, ils ont accroché au bout d’un ruban une statuette de l’archange Saint-Michel, patron des parachutistes. Un autre symbole qui le relie à cette communauté militaire qu’il avait rejointe il y a 5 ans.
« Il est tombé pour la France. Il faut penser à Loïc », confiait après le drame la hiérarchie militaire. Un peu plus de deux mois plus tard, Loïc poursuit son combat avec courage… et avec le soutien de ses collègues du régiment montalbanais dont la cohésion se nourrit aussi des drames qu’il subis.
Laure Berges, avocate de Loïc Liber : “Que les coupables soient punis !”
La tuerie du 17e RGP du 15 mars dernier (1) est aujourd’hui au cœur d’une instruction judiciaire pilotée par un cabinet d’instruction parisien composé de quatre magistrats sous le contrôle de la section antiterroriste et atteinte à la sûreté de l’État du parquet de Paris. Le dossier et la procédure, déjà lourde de 12 tomes, recouvrent tout d’abord l’action pénale visant aujourd’hui le frère de Mohamed Mehra actuellement incarcéré. Les chefs de mise en examen recouvrent les faits suivants : assassinat, tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’ordre public, association de malfaiteurs en vue de préparer une action terroriste, vol en relation avec une entreprise terroriste… L’avocate montalbanaise, Laure Bergès, est au cœur de cette lourde affaire aux côtés de Loïc Liber, 1er classe du régiment montalbanais grièvement blessé par Merah ce 15 mars et de ses parents. Cette avocate qui assure également le volet civil de la procédure, n’a pas été choisie par hasard par la famille de Loïc Liber. Maîtrisant particulièrement bien la matière militaire, elle a déjà plaidé avec succès des dossiers impliquant des soldats ou des officiers. Entre-temps, cette juriste est également devenue l’épouse du colonel Kuntz, ancien chef de corps du «17», actuellement en poste en Afghanistan. Mais c’est aussi une professionnelle « libre » de ses choix, garante d’une indépendance d’esprit qui l’a vue, il y a une dizaine d’années aux côtés des riverains du camp de Caylus « en guerre » contre … l’armée.
Aujourd’hui, c’est au côté de l’autorité militaire et de la hiérarchie du « 17 » que Me Berges intervient dans ce dossier où elle s’est constitué partie civile pour le compte de Loïc Liber et des siens. Comme les autres parties civiles, Laure Berges attend d’être auditionnée par les magistrats en charge du dossier. Ces auditions pourraient intervenir au début de l’été. « On attend que les coupables soient punis », explique aujourd’hui Laure Bergès. L’avocate aura également à cœur de faire admettre que le statut militaire de son client a motivé la tentative d’assassinat dirigée contre lui. En attendant, elle œuvre pour conseiller le soldat blessé en étroite relation avec la Cabat (cellule d’aide aux blessés des actes terroristes) et les collègues montalbanais de son client.
(1) Rappelons que deux militaires du « 17 », Abel Chennouf et Mohamed Legouade, ont trouvé la mort ce jour-là tandis que Loïc Liber était grièvement blessé par les balles du tueur.
http://www.ladepeche.fr/article/2012/05/22/1358927-le-nouveau-combat-de-loic-liber.html#xtor=EPR-1