Comme à chaque fois qu’elle s’ouvre au grand public, l’Ecole nationale supérieure des officiers de police (Ensop) de Cannes-Ecluse a fait le plein, samedi, pour sa journée portes ouvertes. De quoi donner un peu de baume au cœur à des forces de l’ordre persuadées du divorce avec la population et, pour une partie d’entre elles, engagées dans un mouvement de protestation contre une justice jugée « trop laxiste » avec les délinquants et « trop tâtillonne » avec les fonctionnaires de police. Car le blues des hommes en bleu touche aussi la prestigieuse école d’officiers.
Inquiets de leur mauvaise image auprès du public
« C’est un métier qui devient de plus en plus dur, estime la commissaire principale Claudie Ferchot, directrice de la formation à l’Ensop. Le sentiment d’être systématiquement mis en cause se développe et il y a un moment où ça peut peser. » La polémique qui entoure la mise en examen d’un fonctionnaire de police après qu’il a abattu le 21 avril dernier Amine Bentounsi, un caïd de Meaux, à Noisy-le-Sec (93), est dans toutes les têtes.
Dans cette école qui accueille deux promotions de 70 aspirants officiers, « ce qui se passe dans la police nous touche forcément, reprend Claudie Ferchot. Ne serait-ce que parce que la moitié de nos élèves arrivent ici par voie interne, après avoir connu le terrain pendant de nombreuses années. » S’il n’y a pas de crise des candidatures, l’officier note toutefois qu’« on voit de plus en plus de policiers changer de métier après quelques années de service ».
Outre ses élèves français, l’Ensop accueille aussi des auditeurs étrangers tout au long de ses formations, qui apportent un autre regard sur la police française. « Nos homologues allemands ou polonais sont ahuris de voir l’image qu’on a auprès de la population, reprend Claudie Ferchot. Chez eux, le regard qu’on porte sur eux est très différent, alors même que leurs méthodes sont plus musclées que les nôtres. »
C’est entre autres pour changer l’image des policiers que l’Ensop organise ses journées portes ouvertes. Et au stand de tir de l’école, la file d’attente des curieux est bien garnie. Dans la queue, Patrick pense que « c’est très français de critiquer, notamment la police. Le flic, on lui crache dessus mais dès qu’on a besoin de lui, on l’appelle et on se désole qu’il ne soit pas là plus vite ». Et comme pour répondre à la polémique récente, les agents instructeurs ont insisté, au cours de leur démonstration de tir, sur la notion de légitime défense. « Vous avez vu, les cibles qui se retournent sont toutes armées, souligne un officier. Mais on fait aussi des exercices avec des cibles qui tiennent un bouquet de fleur. Et là, l’élève n’a pas intérêt de tirer… »
Source:Le Parisien.fr
(merci à “DAN92” du Forum Police & Réalités)