Ici et là, l’information circule que Manuel Valls, ministre de l’Intérieur a reçu vendredi dernier les organisations professionnelles, entendez les syndicats de police, pour une première prise de contact et pour évoquer les grands dossiers.
Nul doute que ces « représentants du personnel policier » n’ont pas manqué, à juste titre, d’évoquer les grandes préoccupations du moment telles que le malaise généré dans la police suite à la mise en examen de l’un des leurs pour homicide volontaire à Noisy le Sec, et les problèmes d’effectifs et d’exécution de certaines missions …
Et les gendarmes dans tout cela ?
Ils ont beau regarder la télé, écouter la radio, lire les journaux, surfer sur le net en quête d’information … rien, nada, nichts, niente, niets, nothing … Aucun représentant n’a été convié par leur ministre de tutelle.
C’est donc que tout va bien.
Il existe bien un organe de consultation et de concertation chez les pandores, le Conseil de la Fonction Militaire de la Gendarmerie (CFMG).
Présenté comme une force de proposition, ce conseil, créé de toutes pièces par la haute hiérarchie gendarmerie dont il dépend complètement, est un leurre. Il n’est pas représentatif des aspirations des personnels, ses membres ne sont pas élus mais tirés au sort. Ils participent à des rencontres avec le directeur général de la Gendarmerie qui est censé avoir la charge de faire remonter au ministre les « revendications » des gendarmes.
Mais, comment imaginer que le directeur, dont le rôle est d’organiser et d’administrer la boutique puisse être également le chef de l’action militante des gendarmes ?Il est vrai qu’avec leur statut militaire ils ne peuvent s’organiser et se constituer en associations professionnelles pour les représenter. C’est donc toute une institution qui est condamnée au silence. Jusqu’à quand cette mascarade va t-elle continuer ? Le changement, est ce pour maintenant, pour plus tard ou jamais ?
Pour faire remonter au ministre les préoccupations des gendarmes, il ne reste plus que les associations s’intéressant aux problèmes des gendarmes en activité. Mais, les militaires n’ont pas le droit de participer à l’administration de ces associations à caractère professionnel susceptibles de les représenter. Ainsi, le mois dernier, un major en activité de service a dû démissionner en urgence du poste de vice-président d’une association pour éviter des poursuites disciplinaires.
Quelques rares associations de retraités de l’Arme, telle l’UNPRG (Union Nationale des Personnels en Retraite de la Gendarmerie), conscientes de ce vide, se sont autoproclamées « défenseurs des actifs », mais est-il sérieux que les gendarmes soient représentés par des retraités? Bien évidemment : non !
Sous l’impulsion du Chef d’escadron Jean-Hugues Matelly, une association prometteuse (l’association-forum Gendarmes et Citoyens) a vu le jour il y a quelques années, mais elle a vite été bâillonnée et ses membres influents, contraints par la hiérarchie d’en démissionner.
Tenue aujourd’hui par quelques retraités de l’Arme et un policier à la retraite, elle ne compte que quelques dizaines de membres et ne peut pas plus prétendre représenter le personnel en activité.La boucle est ainsi bouclée, c’est le grand désert. La gendarmerie n’a, à l’heure actuelle, aucune organisation professionnelle susceptible d’être l’interlocutrice du ministre.
Voilà pourquoi Manuel Valls ne reçoit que les syndicats de la police. Alors, que dire au ministre ?
M. Valls ne manque jamais de rappeler ses origines espagnoles.
Il devrait prendre un avion pour Madrid avec son collègue Le Drian et aller voir ce qui se passe dans l’armée espagnole et dans la Garde civile : toujours militaires, mais ayant le droit de se regrouper en associations professionnelles. Est-ce pour autant la Revolucion en Espana ?
En ces temps de crise, avoir des interlocuteurs représentatifs peut constituer une manière intelligente de désamorcer des initiatives qui chercheraient à faire descendre les gendarmes dans la rue comme en 2001.
Alors : maintenant, plus tard ou jamais ?
A moins que le ministre, perfusé aux discours lénifiant de l’administration centrale, croit vraiment que tout va bien dans la Gendarmerie.
Michel Munier
http://www.armee-media.com/2012/05/27/il-n%E2%80%99y-a-pas-de-malaise-dans-la-gendarmerie-pour-preuve-aucun-representant-de-gendarmes-n%E2%80%99a-ete-recu-place-beauvau/
(merci à “Cat aclysme”)