Un couple d’origine guinéenne comparaît à partir d’aujourd’hui devant la cour d’assises de la Nièvre pour l’excision de ses quatre filles alors qu’elles étaient mineures. Cette pratique, coutumière dans une trentaine de pays d’Afrique, est interdite en France. Les parents sont poursuivis pour « complicité de violence volontaire ayant entraîné une mutilation sur une mineure de moins de 15 ans par ascendant.
» Le père, ancien marabout de 54 ans, et la mère, femme au foyer de 44 ans, encourent quinze ans de réclusion criminelle.

En septembre 2005, leur fille aînée, 14 ans, est hospitalisée pour une appendicite. Le personnel de l’hôpital de Nevers s’aperçoit qu’elle a été excisée et signale le cas aux autorités. Après examens médicaux, il apparaît alors que seules les deux aînées ont subi la mutilation. Une information judiciaire est ouverte. Entendu, le père déclare d’abord ne pas savoir qui a excisé ses filles, avant de mentionner une femme qui aurait opéré au domicile familial en son absence et celle de son épouse, sans son accord. Il ajoute qu’il ignorait l’interdiction de cette pratique en France.

En 2009, la plus jeune des filles, alors âgée de 7 ans, est admise à l’hôpital pour d’importants saignements vaginaux. Les médecins constatent que la fillette a été victime d’une « tentative d’excision » et que la quatrième sœur a également subi la mutilation. Les cadettes ne révèlent rien de ce qui s’est passé, comme leurs sœurs quatre ans plus tôt. L’expertise psychologique des plus jeunes conclut à « une soumission totale à l’autorité familiale, l’excision étant un sujet tabou dans la famille ».

100 à 140 millions de cas dans le monde

« Plutôt que de contester les faits, il s’agit d’expliquer le pourquoi et le contexte culturel », a indiqué Me Guillaume Valat, l’avocat des parents. Pour Me Linda Weil-Curiel, avocate de la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles (Cams) qui s’est constituée partie civile dans ce dossier, « cette affaire est une première dans la mesure où les parents ont été avertis en 2005 avant de recommencer ».

D’après une estimation de l’Institut national des études démographiques (Ined) d’octobre 2007, 53000 femmes adultes excisées vivaient dans l’Hexagone en 2004. Il s’agissait de migrantes ou de femmes nées en France de parents originaires d’Afrique. Selon la même étude, de 100 à 140 millions de filles et femmes seraient excisées dans le monde, notamment en Afrique, dans des proportions très variables, de 1,4% au Cameroun à 96% en Guinée, au début des années 2000.

Le Parisien

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