Jugés trop proches de Nicolas Sarkozy, les grands patrons de la police nationale et de la Direction centrale du renseignement intérieur doivent être remplacés en Conseil des ministres demain mercredi.
À ces fonctions-là, il n’y a pas d’intérim imaginable. Le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Péchenard, et le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, doivent, sauf surprise, être remplacés demain mercredi en Conseil des ministres. Parmi les noms des remplaçants probables circulent ceux de Bernard Boucault, directeur de l’ENA, pressenti pour la PP, ou Claude Baland.
Retour en force des énarques
Certains y verront le grand retour des énarques Place Beauvau, deux des partants n’étant pas passés par l’École nationale d’administration, mais ayant commencé leurs carrières comme commissaires de police avant d’être promus préfets par Nicolas Sarkozy.La semaine dernière, une réunion d’arbitrage avait été organisée par l’équipe de François Hollande à l’Élysée. Cinq à six noms de successeurs possibles étaient avancés. Le chef de l’État a tranché. Le remplacement éventuel du préfet de police de Paris, énarque, avait fait l’objet d’un intense débat. Ce haut fonctionnaire, dont le parcours républicain est salué de façon unanime, va finalement être remplacé pour obtenir peut-être d’autres fonctions préfectorales ou au Conseil d’Etat. Car sa retraite administrative ne doit prendre effet qu’en août 2013.
Chasse aux sorcières
Plus que celui de Michel Gaudin, préfet classique, les cas de Péchenard et Squarcini sont emblématiques des clivages politiques dans la police. Car ces deux hauts fonctionnaires paient avant tout leur attachement à la personne de Nicolas Sarkozy.Interrogée sur le climat de «chasse aux sorcières» dénoncé par Claude Guéant, la première secrétaire du PS, Martine Aubry, avait déclaré il y a une semaine sur France Info que ces deux policiers sur la sellette étaient «actuellement mis en cause dans un certain nombre d’affaires, y compris peut-être dans les écoutes qui ont été mises en place dans les atteintes aux sources des journalistes, donc ça, disait-elle, c’est un choix par rapport à des comportements d’individus».
Verrouiller les postes clés
D’autres nominations sont à prévoir aux divers échelons de la police quand les nouveaux directeurs auront pris leurs marques. À la DCRI bien sûr, mais aussi à la PJ, dans la sécurité publique, chez les CRS ou à la Police aux frontières.Concernant les postes à la discrétion du gouvernement qui nécessitent une nomination par décret du président de la République, un grand commis rompu au jeu des alternances fait le pari que «l’hôte de l’Élysée verrouillera avant les législatives un maximum de postes clés, car dans l’hypothèse, même peu probable, selon lui, d’une cohabitation, ces hauts fonctionnaires dévoués seront, dit-il, une excellente garantie en cas de bras de fer à venir avec un gouvernement de droite».
Intime de Manuel Valls
Reste la situation particulière d’Alain Bauer. Ce criminologue, très consulté par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était aux affaires, a choisi, comme il l’a toujours fait après des élections nationales, de remettre ses mandats aux nouveaux responsables de l’exécutif, démissionnant de ses fonctions de président du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégiques (CSFRS), de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) et de la commission sur le contrôle des fichiers de police.«Je préfère perdre un poste qu’un ami», dit élégamment cet intime du nouveau ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Le Pr Bauer, toujours titulaire de sa chaire au Cnam, demeure l’un des rares experts français de niveau international sur les questions de sécurité. Il n’a rien perdu de son influence, y compris et surtout dans les rangs de la gauche dont il est issu.
Par Jean-Marc Leclerc
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/05/29/01016-20120529ARTFIG00469-grand-chambardement-au-sommet-de-la-police.php