Les habitants de la résidence La Ville Verte, 20, chemin des Tilleroyes, sont exaspérés par les nuisances d’une bande de jeunes qui leur pourrissent leurs jours et leurs nuits.

«Si ça continue, ça va mal finir. Des mois que ça dure… Ils sont une dizaine qui veulent établir leur territoire et faire leur loi ici, mais nous, on n’en veut pas. »

Ils sont une dizaine eux aussi, mais de locataires, à s’être rassemblés pour dénoncer la « dégradation du climat et la montée de l’insécurité » qu’ils subissent.

Si aucun ne souhaite voir son nom publié (par crainte des représailles), chacun a néanmoins paraphé et signé les diverses pétitions qui ont circulé dans le quartier avant d’être envoyées aux diverses autorités, mais sont restées pour l’heure lettre morte (lire par ailleurs).

SQUAT, TAGS, TAPAGE, TRAFICS…

Depuis 2 ans, les tourments de ces habitants de la résidence La Ville Verte, 20, chemin des Tilleroyes, ne sont allés qu’en s’accentuant. Ce sont « des rodéos sur le parking, musique à fond. Ils squattent nos garages et les étages en laissant leurs détritus, cassent des bouteilles devant les entrées et pissent partout… Des vrais cochons ! Il y a aussi les tags sur les portails, les garages cambriolés, les locaux saccagés… Sans parler des trafics sur le parking : drogue, vêtements de marque… C’est permanent. Surtout en fin de semaine où là, c’est non-stop les nuits. »

« QUELLE JUNGLE ! »

Chacun, parmi la dizaine de riverains réunis, a une anecdote sur les calamités que ces lascars infligent au quartier. « L’autre soir encore, ils ont fait le bazar jusqu’à 3 h du matin devant le local à poubelles ! » « Une nuit, j’en ai trouvé sur ma terrasse, en train de fumer en tapant des pieds sur mon mur. » « L’autre jour, c’était Starsky et Hutch sur le parking ! » Ou encore : « Nous qui avons tout connu en cité à Montbéliard et pensions être ici au calme en venant à Besançon, on est servis ! Quelle jungle ! »

INSULTES ET MENACES, « ILS N’ONT AUCUN RESPECT, TOUT LEUR EST PERMIS ! »

Ont-ils tenté de raisonner ces jeunes ? « Bien sûr ! Mais même quand vous les chopez en leur mettant sous le nez les cartons de pizza avec leur nom dessus parce qu’ils se les sont fait livrer et qu’ils les ont laissés dans votre garage, ils vous disent ‘’c’est pas moi’’ ! »

Et à la moindre remontrance, « ce sont des insultes et des menaces : “Sales Français ! Sale pute ! Je vais te crever les pneus’’… Ils n’ont aucun respect. Tout leur est permis ! »

Un concierge a déjà quitté la résidence. Et l’autre ronchonne qu’il en a « marre » en nettoyant chaque matin les immondices laissées par ces malotrus manquant d’éducation.

« C’EST QUAND MÊME PAS À NOUS DE PARTIR ! »

Sur la dizaine de sauvageons, âgés de 15 à 25 ans, qui pourrissent la vie de ces habitants, seuls trois habitent la résidence. Les autres sont des copains des autres quartiers qui ont élu là leur terrain de « jeu ».

Les parents ? « Oh ! L’un d’eux nous a dit : ‘“Appelez la police et faites-le enfermer, moi je ne sais plus quoi en faire !’’ Quant aux autres, nous avons été reçus par des cris d’hystérie. Impossible de communiquer. »

Les solutions envisagées ? « Des rondes de nuit, des caméras… on ne sait pas. Mais il faut que ça bouge, sinon un jour ça va mal se passer. Et c’est quand même pas à nous de partir ! »

Pierre LAURENT

Preuve de la tension permanente subie par les habitants, la personne chez laquelle les locataires s’étaient réunis pour témoigner a reçu deux boules puantes dans son salon (jetées par la porte-fenêtre restée ouverte) au cours de la petite heure qu’a duré la réunion. Sortant de chez elle, elle a été insultée et sa voiture bombardée d’œufs. Pour autant, les différents courriers collectifs envoyés n’ont pour l’instant abouti à rien. La Ville a botté vers le bailleur (Grand Besançon Habitat) « pour qu’il traite les problèmes signalés ». Grand Besançon Habitat a promis en septembre de « s’attacher dans les mois à venir à rendre votre cadre de vie plus agréable » mais surtout invité à « composer le 17 », c’est-à-dire les services de police. Lesquels en octobre ont reçu « des instructions pour effectuer des contrôles dans le secteur » sans plus de succès. Quant à la présidente de Région, elle n’a pas manqué de répondre en novembre que « l’insécurité dont vous témoignez relève de la compétence des services de l’État. Or […] la réduction drastique des effectifs a des conséquences sur le commissariat de Besançon qui compte […] 32 agents de moins. » Bref, comme le soulignent les riverains, « tout le monde se renvoie la balle. » Mais le problème, pour l’instant, reste entier.

http://www.estrepublicain.fr/doubs/2012/05/29/on-n-a-plus-de-vie