Marc La Mola, un fonctionnaire toujours en service, vient de sortir un livre choc sur son quotidien au sein de la police
Dans un livre sans concession, Marc La Mola décrit le noir quotidien au sein de la police.
“Je suis flic. Flic de base. Ces mots, dans mon vocabulaire, n’ont rien de péjoratif. Au contraire, je trouve même cela joli comme appellation. La base, ce n’est pas dévalorisant”. Il se présente comme tel, Marc La Mola. Sans fioriture. Avec un parler tranchant “comme on parle dans les commissariats”.
À 48 ans, ce “flic de base”, vidé par vingt-cinq ans de terrain, souillé par le sang, les larmes, la mort, la misère, de son quotidien, est encore en activité mais dans les bureaux de l’état-major de la direction départementale de la sécurité publique. “Dépression”, avaient diagnostiqué les médecins. “Abandon de poste”, avait, selon lui, dénoncé sa hiérarchie.
C’est au fond du gouffre, après s’être retrouvé seul, chez lui, son arme de service dans la bouche, qu’il a finalement trouvé le courage de coucher sur le papier les carences de la Police, en se repassant le film noir de sa vie professionnelle. Ses questionnements sont le fil conducteur d’un livre dur, à la lecture éprouvante, mais au réalisme édifiant. Sa première confrontation à la mort, alors qu’il arrive sur un accident de voiture qui a décimé une famille entière. Ses premiers morts ! Les premiers d’une longue lignée.
“Je me sens sale !, lâche-t-il. Chacun des cadavres que j’ai découverts, chaque scène de violence sur laquelle j’ai travaillé, chaque pleur d’enfant épongé, restent gravés dans ma tête. Et je ne peux les expulser ( ) J’ai vu, j’ai senti, j’ai touché, j’ai goûté la misère. Et le pire, c’est qu’elle devient mon seul repère”. Mais au-delà de ce “sale boulot” qui fait oublier que “l’homme peut aussi avoir de bons côtés”, Marc La Mola règle ses comptes avec l’Institution, avec la police avec un grand “P”.
Cette grande famille où chacun vit seul, avec ses angoisses, ses craintes et ses soucis personnels. Cette grande famille où la moindre hésitation, le moindre questionnement peut être assimilé à de la faiblesse. “La police, cette salope ! Cette garce ! Elle m’a trompé, elle m’a dupé. Je n’aurais jamais cru qu’elle me laisse tomber,
éructe-t-il, le doigt tremblant sur la gâchette de son arme de service, laissée imprudemment en sa possession. J’ai cherché des mains tendues, j’ai cherché des perches pour m’y accrocher mais je n’en ai jamais trouvé. Je n’ai trouvé que le mépris d’une institution et de ces hommes qui la constituent”. “Qu’est ce qu’un flic aujourd’hui, dans cette société ? Rien. Plus rien ! Ou alors un enjeu électoral ! Un idiot exécutant. Une merde, s’emporte-t-il, “sans provocation”, assure-t-il. Mais dans une indéniable souffrance. “J’ai épousé cette profession. Je l’ai aimée, tellement que j’en suis mort”.
“Le sale boulot” de Marc La Mola (15 €) . Pour se le procurer : marc.lamola@sfr.fr et librairie Maupetit
http://www.laprovence.com/article/a-la-une/marseille-le-sale-boulot-dun-flic-de-base