C’est un cauchemar qui a duré huit ans, et dont il se réveille à peine. Huit années au cours desquelles Gennady Popov, un ressortissant russe de 43 ans, n’a cessé de se dire innocent du meurtre de sa femme, Natalia, brûlée vive dans sa voiture au Rove (Bouches-du-Rhône), en octobre 2004. Condamné en novembre à quinze ans de prison, après avoir purgé quatre années de détention préventive entre 2004 et 2008, Gennady Popov vient d’être acquitté en appel par les assises des Alpes Maritimes.
« C’est un énorme poids qui s’est enlevé de ses épaules, décrit Me Patrice Reviron, l’avocat qui porte à bout de bras ce dossier depuis le départ, rejoint par Me Sondra Tabarki.
Ces derniers mois, l’ex-accusé avait baissé les bras. Son avocat, jamais. « J’y ai toujours cru. Il y avait trop d’incohérences dans les accusations. » Surtout, en appel, de nombreux témoins ont pu être entendus, venus des Etats-Unis ou d’Israël dire qu’ils étaient persuadés de l’innocence de Gennady Popov et décrire le couple amoureux qu’il formait avec Natalia. Ce soir de 2004, Gennady raconte qu’elle l’a déposé devant une pizzeria, charge à lui de réserver une table, pendant que son épouse partait en voiture faire le plein d’essence. Elle ne reviendra jamais. Un peu plus tard dans la soirée, un riverain apercevra des flammes sur une colline voisine. Le corps de Natalia y est retrouvé carbonisé. La violence du sinistre a effacé toute trace. Seule certitude des légistes : la jeune femme était vivante au moment de l’incendie. Rapidement, Gennady fait figure de suspect no 1. « Toute l’instruction a été menée à charge contre moi, dénonce-t-il aujourd’hui. Jamais une seule autre hypothèse n’a été envisagée. »
Pourtant, en appel, la justice a bien été forcée de constater qu’aucune preuve n’existait contre l’accusé, ni le moindre mobile. Au fil de ce procès de la dernière chance, de nouvelles pistes sont même apparues. Celle de ce SDF, d’origine tchèque et susceptible de parler russe, qui aurait pu croiser la route de Natalia dans l’après-midi du crime et dont la présence a été confirmée par des témoins à proximité de l’incendie, une heure avant que la voiture de Natalia ne s’embrase.
Autre piste inexplorée : celle de représailles liées aux affaires de Gennady. Fils d’un militaire gradé de l’ex-empire soviétique, représentant en France d’une société américaine, il participa à la privatisation de milliers d’entreprises russes dans les années 1990. Une Russie que l’intéressé n’a quasiment jamais revu en huit ans de procédure et vers laquelle il s’est envolé samedi, sans savoir s’il s’y installera définitivement.
« Je repars de moins que zéro, souffle-t-il. J’ai tout perdu, ma maison, ma famille. Je n’ai même plus de papiers français. Même mon permis m’a été retiré. » Mais son combat continue : « Je veux savoir qui a tué ma femme. Ça me hante. Il faut que l’enquête reprenne. »
Le Parisien
http://www.leparisien.fr/faits-divers/le-mari-acquitte-cherche-le-meurtrier-de-sa-femme-24-06-2012-2063120.php