Les forces de police ont la responsabilité de maintenir l’ordre public. C’est une tâche exigeante, parfois difficile, dans laquelle ils exposent leur vie personnelle et familiale, leur intégrité physique et morale, et parfois jusqu’au sacrifice. Mais c’est aussi la noblesse de ce métier. C’est la raison pour laquelle l’usage de la force publique, quand il s’impose, doit être proportionné et respectueux des personnes et de leur dignité.

L’autorité des forces de l’ordre se conquiert par l’exemplarité. Car les policiers et les gendarmes ne représentent pas seulement l’Etat : ils sont l’Etat. Leur uniforme les oblige : plus qu’aucun autre fonctionnaire, ils doivent être irréprochables. Personne ne prétend que cela est simple. Mais la République est à ce prix.

Les violences policières qui ont eu cours il y a deux jours à Aulnay-sous-Bois nous rappellent à cette exigence absolue. Les enquêtes en cours diront précisément comment il faut qualifier juridiquement ces faits. Mais comment ne pas être choqué par ce qui est arrivé à Théo ?

Parce qu’à Aulnay, c’est la force illégitime de l’Etat qui a eu cours et la dignité d’un jeune garçon, d’une famille et d’un quartier, qui a été mise en cause.

Je tiens à rendre hommage à Théo et à son entourage. Alors que tout semble les pousser vers la haine et la révolte, ils font preuve d’un formidable sang-froid. Depuis plusieurs jours, ce sont eux qui incarnent la responsabilité. Ce sont eux qui refusent l’escalade de la violence. Ce sont eux qui en appellent à la patience et à la confiance dans nos institutions. Ils sont habités par un grand esprit de responsabilité. Je leur souhaite un retour à la vie normale le plus rapide possible.

Hier, j’ai parlé avec un commissaire de Seine-Saint-Denis. Au fil de notre discussion, il m’a expliqué que, partout dans le département, la confiance entre les habitants et la police se trouve affaiblie. Il m’a précisé, aussi, que nombre de familles regrettent que ce lien concret et quotidien s’effrite, parce qu’elles savent que leur sécurité en dépend. Nombre d’entre elles déplorent ainsi de ne plus connaître les policiers de leur quartier.

C’est la raison pour laquelle je crois à la nécessité de créer une police de la sécurité quotidienne, comme je l’évoque depuis plusieurs mois déjà. Il ne s’agit pas de ressusciter, 20 ans plus tard, la police de proximité créée par Jean-Pierre Chevènement. Le contexte a changé et la délinquance s’est transformée. Toutefois, l’inspiration est la même. Il s’agit de déployer une police mieux ancrée dans les territoires dont elle a la charge. Une police qui connaît la population est plus à même de résoudre les problèmes locaux. La police de sécurité quotidienne est une police qui sait faire preuve de fermeté quand c’est nécessaire, parce que seule une police proche des gens a les moyens de faire comprendre son action, d’assurer la sécurité de tout un quartier et de faire reconnaître son autorité.

La profession dans son ensemble n’est évidemment pas comptable des actes de certains. Au quotidien, l’immense majorité des policiers fait un travail remarquable et cet événement ne doit en aucun cas jeter l’opprobre sur la profession tout entière. Mais la confiance et le respect sont le ciment de la Nation. Entre la police et la population, ils doivent être réciproques.

Emmanuel Macron

Merci Jean Cyrien