« Le vendredi 30 avril 2021

Mon général,

Vous ĂȘtes le Chef d’Etat Major des ArmĂ©es et Ă  ce titre votre premier devoir est de dĂ©fendre et soutenir les militaires d’active ou retraitĂ©s. Manifestement vous prĂ©fĂ©rez la chasse aux sorciĂšres.

Par votre discipline intellectuelle servile et sans faille, votre carriĂ©risme consternant, votre soumission lamentable au pouvoir politique, vous faites le contraire et ĂȘtes prĂȘt par complaisance et bassesse Ă  couper la tĂȘte Ă  tous vos pairs et vos Anciens. Lamentable !

Vous le savez, le devoir d’un chef digne de ce nom est de protĂ©ger ses subordonnĂ©s, ses frĂšres d’armes, ses Anciens au lieu de les livrer en pĂąture Ă  la vindicte d’un pouvoir politique aux abois.

Sans doute avez-vous peur de dĂ©plaire Ă  la ministre des ArmĂ©es que vous servez avec un zĂšle sans Ă©gal et un comportement de (carp….) !

Etant au sommet de la hiĂ©rarchie militaire qu’attendez vous donc ? Les Ă©toiles de MarĂ©chal de France ?

Il est bien loin le temps des Juin, De Lattre, Leclerc, Bigeard adorĂ©s de leurs hommes et parlant d’Ă©gal Ă  Ă©gal avec le pouvoir politique. Au lieu de cela, votre autoritĂ© morale ne sert qu’Ă  mettre le genou en terre et le petit doigt sur la couture du pantalon. Vous reste-t-il donc encore un peu de fiertĂ© ?

Comme beaucoup de Français et de militaires, j’ai pour vous un immense dĂ©dain.

Oui, j’ai Ă©tĂ© radiĂ© des cadres par dĂ©cret du PrĂ©sident de la RĂ©publique du 23 aout 2016 suite Ă  l’avis du Conseil SupĂ©rieur de l’ArmĂ©e de Terre (CSAT) rĂ©uni disciplinairement (6 officiers gĂ©nĂ©raux d’active ayant, Ă  la majoritĂ© des voix, demandĂ© ma radiation des cadres) mais je ne regrette rien. Face au non-respect de l’Ă©tat de droit Ă  Calais, j’ai Ă©tĂ© un lanceur d’alerte qui a permis la modification de la situation de la jungle par l’Etat.

Vous avez osĂ© Ă©crire dans le Figaro, me concernant : « Je vais lui envoyer une lettre pour lui dire qu’il est indigne, salit l’armĂ©e, la fragilise en en faisant un objet de polĂ©mique nationale« .

Mon gĂ©nĂ©ral ne vous fatiguez pas, ne perdez pas de temps Ă  Ă©crire, je n’ouvrirai mĂȘme pas votre torchon. Celui qui salit l’armĂ©e, c’est vous, uniquement vous, ne vous mĂ©prenez pas. Les Français qui le savent ont choisi leur camp et ne s’y trompent pas.

Oui, je prĂ©fĂšre ĂȘtre dans ma peau que dans la vĂŽtre. Sachez-le, l’opinion et le jugement de vos pairs et de vos subordonnĂ©es ne sont pas flatteurs et c’est un euphĂ©misme ! Je peux me regarder dans une glace, je crains pour vous que ce ne soit pas votre cas.

Vous prĂ©fĂ©rez « couper des tĂȘtes », sanctionner des pairs, courber l’Ă©chine et servir avec un zĂšle sans Ă©gal le pouvoir politique. Non, le jour de votre dĂ©part sachez que vous ne serez pas regrettĂ©.

Pour terminer, je vous rappellerai deux citations qui illustrent parfaitement votre comportement !

« Quand la prudence est partout, le courage n’est nulle part ». Cardinal Mercier

« En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin ». Nicolas de Chamfort

Avec votre soumission et votre assujettissement au pouvoir politique, votre comportement est plus celui d’un technocrate que d’un militaire. Le vrai dĂ©shonneur d’un gĂ©nĂ©ral est bien le vĂŽtre.

Avec mon profond mépris. »

GĂ©nĂ©ral de corps d’armĂ©e (ER) Christian Piquemal

Source

(Merci Lilian Christophe)