
Christophe, un bonheur fragile…
Voilà trois mois et demi que tu étais en soins intensifs à l’hôpital de Dijon,
trois mois et demi que ta famille se faisait un sang d’encre pour toi, pendue
quotidiennement au téléphone pour avoir de tes nouvelles ou pour en prendre,
espérant à chaque appel une amélioration pérenne de ton état.
De leur côté, tes collègues ont traversé trois mois et demi à poursuivre leurs missions,
celles qui les conduisent un peu partout sur le territoire, là où le désordre règne en particulier.
Les nouvelles sur ta situation médicale n’étaient ni très précises, ni très rassurantes,
il fallait attendre et toujours attendre mais nous comprenions tous que dans cette situation incertaine,
la famille n’en sait parfois guère plus et cherche légitimement à se protéger de l’extérieur.
Pourtant avec elle nous avons vibré par ses retours sur l’évolution de ta santé, tantôt encourageante
et puis tantôt décevante, il était bien difficile de se faire une idée de ce qui allait advenir.
Au pire, nous pensions que tu partirais probablement en centre de réadaptation fonctionnelle après
ces longues semaines plongé dans un coma artificiel mais jamais l’idée de t’imaginer nous quitter
n’a parcouru nos pensées.
Mais toi, le mari et père de deux jeunes filles mineures, tu avais connu très tôt un sérieux pépin de santé,
tu connaissais déjà le prix et la fragilité d’une vie, tu connaissais déjà l’importance du moindre instant heureux parmi les tiens.
C’est sans doute pourquoi, à chaque opportunité, tu choisissais d’emmener ton petit monde prendre l’air à la neige ou à la mer,
en vacances ou en sorties, et même à visiter tes collègues sur certains sites d’hébergements et à nous partager votre petit bonheur familial…
Un petit bonheur familial jusqu’à cette fin du mois de juillet dernier où ton état a été jugé suffisamment préoccupant
pour t’envoyer dans cet environnement ultra médicalisé. Un environnement qui devait être adapté à ta situation mais
te contraignait jour après jour à un isolement social. Pas le choix, pour survivre, ton univers familial devait céder la place
aux machines aux alarmes stridentes, aux visites et allées et venues d’un personnel soignant fortement sollicité, ton corps
devait se soumettre aux examens, aux soins, Ã la douleur, au moral parfois en berne…
47, ce n’était pas un chiffre si imposant, ce n’était pas non plus un âge si avancé et pourtant le virus et ses complications
ont choisi de t’emmener…t’obligeant à abandonner ce que tu avais de plus cher.
Aujourd’hui nous aimerions que ceux qui te connaiss(ai)ent, se souviennent de toi
et ceux qui ne t’ont jamais rencontré, apprécient la belle personne que tu étais :
un flic apprécié de ses collègues, un époux prévenant pour sa femme et un papa gâteau pour ses filles…”
Texte de Awa, correspondante de l’action sociale sur le site de la CRS 40
La cagnotte Leetchi pour aider la veuve et les enfants de Christophe