
C’est le triomphe d’un oxymore contemporain : celui de la «prison en milieu ouvert». Selon une étude de l’Institut pour la Justice, transmise en exclusivité au Figaro, l’industrialisation des aménagements de peine de prison ferme atteint des niveaux inédits, suscitant l’incompréhension d’une société en recherche de fermeté judiciaire.
À partir des chiffres des condamnations et des incarcérations de 2016 à 2020 issus du ministère de la Justice, l’association conservatrice a abouti à un chiffre clé : seulement 59 % des condamnés à une peine de prison ferme mettraient réellement les pieds en prison. Pour arriver à ce pourcentage, l’Institut a comparé les peines avec les entrées effectives en détention. Un calcul forcément approximatif, car ne prenant pas en compte les détentions provisoires, les différés d’application… Mais qui, sur plusieurs années, donne un vrai indice de l’effectivité réelle de la prison ferme en France. Contactée, la chancellerie ne se montre pas surprise par ce pourcentage, qu’elle juge «cohérent» : «cela correspond à la part d’aménagement de peine, qui regroupe la semi-liberté, les placements extérieurs ou l’usage du bracelet électronique, apparu en 1997 sous Chirac et Jospin, et qui a connu son essor sous Nicolas Sarkozy», retrace-t-elle, reconnaissant une augmentation continue de ces alternatives depuis vingt ans.