HUMOUR DÉPLACÉ…ET CONSÉQUENCES

Nous avons de plus en plus de dossiers concernant des policiers ou des gendarmes poursuivis pour harcèlement sexuel ou agression sexuelle.

Les faits résultent souvent de situations d’humour potache ou de blagues graveleuses entre collègues.

Bien souvent, une personne qui a ri de ces blagues dépose plainte plusieurs mois après les faits, après avoir reçu un refus d’avancement ou une remontrance mal acceptée, ou après avoir tout simplement craqué bien qu’elle ait tenu pendant des mois en serrant les dents.

Alors, pour celui qui a pensé amuser la galerie, la situation devient beaucoup moins drôle.

Il est placé en garde à vue, son téléphone et son ordinateur font l’objet d’une exploitation minutieuse, ses anciennes petites amies sont entendues sur procès-verbal, sa vie intime est analysée et décrite en détail.

Il se retrouve ensuite déféré devant un magistrat qui le considère comme un pervers minable.

Dans ces dossiers, et dans la société actuelle, l’humour coûte cher…très cher.

Parfois c’est un geste déplacé, parfois ce sont juste des paroles prononcées en rigolant, mais dès qu’ils peuvent revêtir un caractère sexuel, ces faits sont susceptibles d’entrainer des poursuites et une descente aux enfers judiciaires.

Je n’ai pas de leçon à vous donner et serais bien mal placé pour le faire, mais je dois attirer votre attention sur ces situations qui se révèlent dramatiques pour celui qui est visé.

Les gendarmes ont souvent l’impression que la militarité efface le genre sous l’uniforme, et que tout est permis entre camarades. Les policiers apprécient souvent l’humour noir et les blagues salaces, et les personnels féminins ne sont pas les derniers à jouer le jeu. On peut vite se laisser aller à prononcer une parole déplacée.

Mais vous n’en avez pas le droit. Vos administrations et la justice ne tolèreront aucun comportement festif, humoristique ou fanfaron si une personne s’en plaint, et il se trouvera souvent une personne pour s’en plaindre car, malgré l’affichage d’une acceptation de la situation, il se peut que vos blagues ne l’amusent pas du tout, voire la fassent vraiment souffrir.

Alors je vous rappelle que vos collègues ne sont pas vos copains en service, et qu’il faut toujours réserver une distance dans vos comportements à l’égard des personnels qui travaillent avec vous.

Vous pouvez être amenés à défendre vos vies ensemble, à vous jeter ensemble dans un fleuve pour sauver une personne, à passer des heures ensemble dans un soum, mais vous devez toujours maintenir une distance et respecter l’intimité de vos collègues.

Dans ces dossiers, comme les autres, nous serons là pour vous défendre avec la plus grande énergie, mais nous savons d’expérience que ces situations sont beaucoup plus difficiles à vivre que quand vous êtes poursuivis pour avoir fait usage de la force dans le cadre professionnel.

Alors prenez garde à vous !

Maître Laurent-Franck LIENARD