Amine Bentounsi ne reviendra plus à Meaux en cachette, voir sa famille et ses copains. Le caïd de 28 ans est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l’hôpital Pompidou (Paris XVe), après avoir été grièvement blessé par un policier. Recherché pour braquage, il a été dénoncé par un coup de fil anonyme, donné d’une cabine téléphonique de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis).
Amine Bentounsi marchait en centre-ville quand la police a tenté de l’arrêter. Il a d’abord jeté une grenade en plâtre sur la patrouille, puis a sorti son revolver. Un policier a tiré avant lui.

Une succession d’allers-retours en prison

A 13 ans, il était le plus jeune incarcéré de France, après avoir multiplié des vols avec violence. Sa courte vie n’aura été qu’une succession d’allers-retours en prison. En septembre 1994, notre édition Seine-et-Marne du « Parisien » titrait « La terreur du quartier n’a que 12 ans ». Il avait alors déjà cambriolé les locaux de l’Opac — l’office HLM —, volé des voitures, agressé deux employées d’un centre social, battu une voisine avec un cric pour lui voler son magnétoscope.

Une accumulation qui lui a valu un séjour en prison à 13 ans. « Il était ingérable, se souvient un animateur. Il n’arrivait pas à respecter les règles de vie, ne disait pas bonjour et nous lançait des sourires narquois quand on le croisait. Une fois, il a volé le scooter d’un collègue et a tourné en furie quand on est venu le récupérer. » Une enseignante du quartier se rappelle qu’Amine avait été renvoyé en Algérie, chez sa grand-mère, pour calmer sa dérive : « Il était revenu après avoir brûlé sa maison, ses parents n’ont jamais pu le remettre sur le droit chemin. »

Une policière se souvient de parents « corrects et courageux, désemparés par le comportement de leur fils ». A 16 ans, il raconte au commissariat de Meaux recevoir de l’argent liquide de la part d’un responsable de l’office HLM, pour brûler des voitures dans les quartiers, afin de justifier la politique sécuritaire de Jean-François Copé. Ses déclarations sont enregistrées sur procès-verbal, l’affaire est reprise par les médias nationaux. Jean-François Copé crie à la manipulation policière. Les têtes du commissaire et de son adjoint tombent.

A 19 ans, Amine escalade à la corde la façade du bâtiment Bleuet, à Collinet, pour braquer le siège de l’Opac. Il repart par la fenêtre, en rappel, avec la recette. Il se dénonce à l’audience, la cour d’assises lui inflige dix ans d’interdiction de séjour à Meaux et quatre mois de prison. Quelques mois plus tard, en octobre 2001, il participe au spectaculaire braquage de la poste de Collinet, qui s’est soldé par une fusillade sur des policiers, au milieu des passants. Amine Bentounsi faisait le guet, il a écopé de quatre ans de prison. En août 2005, il a braqué avec deux complices le magasin Champion de Saint-Pathus, avec séquestration d’employés. Ce sera sa plus lourde condamnation : dix ans de réclusion, prononcés en 2007. « Amine était une tête brûlée, un manipulateur, il n’avait probablement plus envie de retourner en prison. Il aurait pu se rendre… », commente un policier.

Le Parisien

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