Une avocate impliquée dans le procès des viols de Mazan écope de quatre mois d’interdiction d’exercer, dont deux avec sursis, pour une vidéo jugée inappropriée. Elle annonce faire appel de la sanction disciplinaire.

Affaire Mazan : sanction disciplinaire pour une avocate après une vidéo polémique
Une pénaliste défendant deux accusés dans le retentissant procès d’Avignon vient d’être sanctionnée pour une publication sur les réseaux sociaux jugée contraire à la déontologie. L’instance disciplinaire des avocats a rendu sa décision ce jeudi, provoquant de nouvelles réactions dans le milieu judiciaire, relate La Provence.
Quatre mois d’interdiction professionnelle
Nadia El Bouroumi, avocate pénaliste, a été sanctionnée jeudi 18 décembre par le Conseil régional de discipline des avocats de la Cour d’appel de Nîmes. L’instance lui inflige quatre mois d’interdiction d’exercer la profession, dont deux mois fermes et deux mois avec sursis. Cette sanction intervient après sa comparution du 26 novembre dernier.
La décision concerne spécifiquement une vidéo publiée durant le procès des viols de Mazan, qui s’est tenu au palais de justice d’Avignon. L’avocate assurait alors la défense de deux des 51 prévenus jugés dans cette affaire judiciaire exceptionnelle. Son conseil, Maître Olivier Morice, a immédiatement annoncé son intention de faire appel.
Une vidéo musicale qui a déclenché la polémique
La publication à l’origine de la sanction montrait l’avocate dans son véhicule, chantant et dansant sur le titre “Wake me up before you go-go”. Le choix de cette chanson, dont le refrain évoque un réveil, a été perçu comme une référence déplacée à la situation de Gisèle Pelicot, victime droguée à son insu durant des années par son ancien conjoint.
Cette séquence avait suscité une vive indignation à l’automne 2024. Le bâtonnier sortant de l’ordre des avocats d’Avignon, Philippe Cano, avait alors initié une procédure disciplinaire en décembre, estimant que le serment professionnel d’exercer avec dignité avait été bafoué.
Deux vidéos distinctes examinées
L’instance disciplinaire s’était penchée sur deux publications différentes. La première, tournée dans le hall du tribunal judiciaire d’Avignon, montrait la pénaliste relatant sans retenue des éléments de l’audience qui venait de se dérouler, notamment concernant des photographies présentées lors des débats.
Pour cette première vidéo, le Conseil régional de discipline a prononcé une relaxe. Seule la seconde publication, jugée plus problématique en raison de son caractère musical et festif, a entraîné la condamnation prononcée ce jeudi.
Une sanction bien inférieure aux réquisitions
Maître Olivier Morice souligne que la peine prononcée demeure largement en-deçà des dix-huit mois d’interdiction ferme réclamés par le bâtonnier Philippe Cano. L’avocat de la pénaliste qualifie cette demande initiale de “délirante par rapport aux faits reprochés”.
L’appel annoncé revêt un caractère suspensif : Nadia El Bouroumi conserve donc le droit d’exercer sa profession tant qu’une décision définitive n’aura pas été rendue. Quelques heures avant le verdict, elle s’était confiée à ses abonnés sur Instagram, affirmant ne pas nourrir beaucoup d’espoir tout en promettant de “ne rien lâcher”.
Un parcours professionnel déjà marqué par des sanctions
Cette nouvelle condamnation s’ajoute à un précédent prononcé en avril 2025. L’avocate avignonnaise avait alors écopé d’un an d’interdiction d’exercer avec sursis de la part du même conseil disciplinaire. Cette première sanction concernait plusieurs manquements déontologiques, notamment la création d’une société de coaching parallèlement à son activité juridique, posant selon l’instance des questions d’incompatibilité professionnelle.
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