Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté pour 30 empoisonnements, dont 12 mortels, l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier vient de connaître le verdict d’un procès hors norme de 15 semaines, marqué par des témoignages déchirants et la perspective d’un appel.

Perpétuité et 22 ans de sûreté : le verdict accablant contre l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier
Au terme d’un procès marathon de trois mois et demi, la cour d’assises a condamné l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans. Il était jugé pour 30 empoisonnements sur des patients, dont 12 ayant entraîné la mort, une affaire au retentissement national qui pourrait connaître un deuxième acte en appel.
Un verdict tombe après 15 semaines d’audience
La décision est intervenue après 15 semaines d’audience particulièrement denses, techniques et souvent bouleversantes. Depuis lundi après-midi, la cour délibérait dans un lieu tenu secret, à l’abri de toute pression extérieure, avant d’annoncer la condamnation à la prison à vie de l’ancien anesthésiste.
Ce procès hors norme, étalé sur trois mois et demi, a fait défiler à la barre des victimes, des proches et de nombreux experts médicaux. Jour après jour, la cour a dû se prononcer sur une série d’empoisonnements présumés en milieu hospitalier, dans un contexte mêlant questions scientifiques pointues et drames humains.
Témoignages poignants et tension permanente à l’audience
Les débats ont été rythmés par des témoignages qualifiés de déchirants de la part de patients survivants et de familles endeuillées. À la barre, certains ont décrit des vies brisées, des séquelles lourdes et un sentiment d’incompréhension face à ce qui s’est joué dans les blocs opératoires.
En face, la personnalité de l’accusé a cristallisé les tensions. Frédéric Péchier a tour à tour été dépeint comme un « tueur en série » dépourvu d’empathie et comme un « homme détruit », broyé par des années de procédure et d’exposition médiatique. Cette dualité a traversé l’ensemble des audiences.
Un accusé entre froideur apparente et fêlures intimes
Lors des interrogatoires, l’ancien anesthésiste est apparu souvent cassant, inflexible, répondant avec une grande maîtrise, voire une forme de distance. Cette attitude a été perçue par certains comme un manque d’émotion face à la gravité des faits qui lui étaient reprochés.
Le 5 décembre, pourtant, l’accusé a laissé entrevoir une brèche en évoquant sa tentative de suicide en 2021. Il a alors éclaté en sanglots, rompant avec l’image de contrôle permanent affichée jusque-là . Mais lors du réquisitoire extrêmement sévère des deux représentantes de l’accusation, il est resté impassible, ne laissant filtrer aucune réaction visible.
La stratégie de défense expliquée par son avocat
Interrogé sur la personnalité de son client, son avocat, Me Randall Schwerdorffer, a livré son analyse dans les médias locaux. Sur l’antenne d’ICI Besançon, il a décrit Frédéric Péchier comme un homme « toujours dans le contrôle », qui « n’aime pas montrer ses émotions ». Selon lui, cette posture relèverait davantage du caractère de l’accusé que d’un mépris des victimes.
L’avocat a également estimé que son client avait « sous-estimé la difficulté de ce procès ». D’après Me Schwerdorffer, l’ex-anesthésiste pensait que les jurés seraient « très rapidement convaincus de son innocence », une conviction qui s’est heurtée de plein fouet à le réalité du verdict.
Vers un probable deuxième procès en appel
Avant le verdict, Me Schwerdorffer avait évoqué publiquement la perspective d’un deuxième procès. Un appel, qu’il émane du parquet ou de l’accusé, est jugé hautement probable, quel que soit le sens de la décision de première instance.
Dans cette optique, l’avocat pénaliste anticipe déjà la suite. Après avoir assuré seul la défense de Frédéric Péchier pendant trois mois et demi, il a indiqué réfléchir au renfort d’un « confrère de haut niveau ». Il reconnaît avoir atteint les limites de ce qu’il pouvait faire en solitaire dans un dossier aussi lourd : « Seul, ça n’est pas possible », a-t-il résumé.
Un éventuel appel ouvrirait donc la voie à un nouveau procès-fleuve, avec de nouveaux débats, de nouveaux experts et, surtout, la nécessité pour les parties civiles comme pour la défense de se replonger dans un dossier déjà éprouvant pour tous les protagonistes.
(Merci Fabrice Guérault)
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